📌 2,3 milliards d’euros : la facture cachée qui va toucher vos lunettes et pansements

Posted 15 octobre 2025 by: Admin
Extension Surprise Des Franchises Médicales Aux Dispositifs Médicaux
Derrière l’annonce du doublement des franchises médicales se cache une mesure autrement plus insidieuse. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 étend discrètement le champ d’application des franchises à des secteurs jusqu’alors épargnés : les dispositifs médicaux et les soins dentaires.
Cette extension, révélée par Contexte dans l’article 18 de l’avant-projet, touche directement le quotidien des patients. Lunettes de vue, pansements, orthèses, préservatifs : tous ces dispositifs médicaux délivrés sur prescription seront désormais soumis à une franchise de deux euros par unité, alignant leur traitement sur celui des médicaments.
« Plusieurs secteurs de soins échappent aujourd’hui aux participations forfaitaires et franchises, sans véritable justification », justifie le gouvernement dans l’exposé des motifs. Une formulation qui révèle la volonté d’harmoniser les restes à charge, indépendamment de la nature des soins prodigués.
Cette mesure, soigneusement occultée lors de l’annonce officielle de Sébastien Lecornu, s’inscrit dans une logique d’élargissement systématique des franchises. Le gouvernement passe par la voie législative précisément pour contourner les limites réglementaires actuelles et imposer ces nouveaux prélèvements sur des secteurs traditionnellement protégés.
L’impact financier de cette extension dépasse largement le simple doublement des montants existants.
Impact Financier Concret Pour Les Patients
Cette harmonisation tarifaire se traduit par une explosion des restes à charge pour les assurés sociaux. Chaque dispositif médical prescrit générera désormais deux euros de franchise, s’ajoutant aux participations forfaitaires qui doublent simultanément de 2 à 4 euros pour les consultations médicales.
Les chiffres révèlent l’ampleur de la ponction : les plafonds annuels bondissent de 50 à 100 euros pour les franchises médicales et de 50 à 100 euros pour les participations forfaitaires, soit 200 euros maximum par an contre 100 euros actuellement. Une augmentation de 100% qui touche directement le portefeuille des patients.
Le gouvernement introduit également une spécificité pour les transports sanitaires, créant un plafond distinct avec une franchise portée à 16 euros par trajet quotidien. Cette dissociation administrative révèle le poids financier de ce poste dans les dépenses de santé et la volonté de maximiser les recettes sur chaque segment.
D’après les projections du Haut conseil des finances publiques, cette réforme générale doit rapporter 2,3 milliards d’euros à la Sécurité sociale en 2026. Un montant colossal qui illustre l’ampleur du transfert de charges vers les assurés.
Mais l’extension ne s’arrête pas aux dispositifs médicaux. Un secteur historiquement préservé entre également dans le viseur gouvernemental.
Extension Controversée Aux Soins Dentaires
Ce secteur historiquement préservé, ce sont les soins dentaires. L’article 18 du projet de loi brise un tabou en soumettant pour la première fois les consultations et actes réalisés par les chirurgiens-dentistes aux participations forfaitaires.
Le gouvernement justifie cette rupture par une logique d’équité assumée : « Plusieurs secteurs de soins échappent aujourd’hui aux participations forfaitaires et franchises, sans véritable justification. C’est le cas notamment des actes ou consultations réalisés par les chirurgiens-dentistes », indique l’exposé des motifs du PLFSS 2026.
Cette argumentation révèle une stratégie d’harmonisation fiscale généralisée. Si le montant exact de la participation forfaitaire dentaire reste à fixer par décret, tout porte à croire qu’elle s’alignera sur les 4 euros prévus pour les consultations médicales classiques.
L’extension aux soins dentaires marque un tournant idéologique majeur. Jusqu’alors, la santé bucco-dentaire bénéficiait d’un statut particulier, reconnaissant implicitement ses spécificités et son accessibilité parfois difficile pour certaines populations.
Cette logique d’équité invoquée par Bercy interroge : faut-il systématiquement aligner tous les secteurs de soins sur le même régime de franchises ? La question divise, d’autant que cette mesure intervient dans un contexte où l’accès aux soins dentaires demeure un enjeu de santé publique majeur.
Reste à savoir si cette extension massive préservera les populations les plus vulnérables.
Maintien Des Exonérations Pour Les Publics Protégés
Cette interrogation trouve sa réponse dans les garanties maintenues par le gouvernement. Malgré l’extension massive des franchises, un tiers des assurés français conservera son statut d’exonération totale.
Le dispositif protecteur reste intact pour les populations identifiées comme vulnérables. Les mineurs demeurent totalement préservés de ces nouvelles charges, tout comme les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S). Cette protection s’étend aux femmes enceintes, exonérées du premier jour du sixième mois de grossesse jusqu’au douzième jour après l’accouchement.
L’État maintient également des exonérations spécifiques particulièrement symboliques. La contraception d’urgence sans consentement parental pour les mineures reste gratuite, préservant l’accès à la santé reproductive. De même, les victimes d’actes terroristes conservent la gratuité totale pour tous les frais de santé liés à ces événements.
« Les assurés actuellement exonérés continueront de l’être », assure formellement le gouvernement dans l’exposé des motifs. Cette promesse vise à rassurer face aux craintes d’un système de santé à deux vitesses.
Cette architecture d’exemptions révèle la stratégie gouvernementale : maximiser les recettes fiscales tout en préservant l’image d’un système solidaire. L’objectif de 2,3 milliards d’euros pour la Sécurité sociale repose donc sur les deux tiers d’assurés payants, une base contributive jugée suffisante pour équilibrer les comptes sociaux.