📌 À 4 000 mètres sous l’océan, des créatures que personne n’avait jamais vues : voici ce que révèlent les profondeurs californiennes

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Posted 10 septembre 2025 by: Admin #Actualité

Image d'illustration © TopTenPlay
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L’Exploration Des Abysses Révèle Ses Mystères

À plus de trois kilomètres sous la surface océanique, là où règnent une pression écrasante, des températures proches du point de congélation et une obscurité permanente, la vie persiste contre toute attente. Ces environnements extrêmes, parmi les moins connus de la planète, continuent de livrer leurs secrets grâce aux technologies de pointe déployées par les instituts de recherche océanographique.

Le Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI) explore méthodiquement ces fonds abyssaux depuis plusieurs décennies. En 2019, deux expéditions distinctes au large de la Californie ont marqué un tournant scientifique. Le robot sous-marin Doc Ricketts et le submersible Alvin ont permis aux chercheurs de collecter trois spécimens de poissons-limaces à des profondeurs respectives de 3 268 et 4 119 mètres.

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Ces prélèvements se sont déroulés dans des zones d’observation de longue durée, notamment la Station M, étudiée depuis plus de 30 ans. Malgré cette surveillance continue, les découvertes récentes bouleversent les certitudes établies. Comme le souligne Mackenzie Gerringer, responsable de l’étude : « Le fait de découvrir trois espèces dans une région aussi bien étudiée montre combien notre connaissance des abysses reste partielle ».

Cette révélation interpelle la communauté scientifique et pose une question fondamentale : combien d’espèces inconnues peuplent encore ces territoires inexplorés des profondeurs marines ?

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Trois Poissons-Limaces Aux Adaptations Exceptionnelles

Cette interrogation trouve une réponse spectaculaire avec l’identification de trois nouvelles espèces de poissons-limaces, chacune révélant des adaptations morphologiques remarquables aux conditions abyssales. Ces découvertes appartiennent toutes à la famille des Liparidae, qui regroupe déjà plus de 400 espèces réparties dans les océans froids et profonds.

Le premier spécimen, *Careproctus colliculi*, surnommé « *bumpy snailfish* », dévoile une anatomie surprenante. Sa peau rose est parsemée de petites protubérances charnues particulièrement visibles sur la tête, lui conférant une texture unique parmi les poissons abyssaux. Avec ses 9,2 centimètres, sa tête arrondie dotée de grands yeux et sa ventouse abdominale développée, ce poisson femelle collecté à 3 268 mètres présente des caractéristiques inédites.

*Careproctus yanceyi*, le « *dark snailfish* », adopte une stratégie diamétralement opposée avec sa robe noire intégrale. Plus imposant avec ses 15,6 centimètres, il possède une tête arrondie, une bouche horizontale et une ventouse plus modeste. Ses dents simples et ses nageoires pectorales bilobées trahissent une adaptation parfaite aux conditions stables des grandes profondeurs.

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Le troisième, *Paraliparis em*, bouleverse les codes morphologiques habituels. Ce « *sleek snailfish* » au corps allongé et latéralement aplati présente une caractéristique rarissime : l’absence totale de ventouse abdominale. Prélevé à 4 115 mètres, il illustre la plasticité évolutive extraordinaire des écosystèmes abyssaux.

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Une Méthodologie Scientifique De Pointe

Ces caractéristiques morphologiques extraordinaires ne suffisent pas à elles seules pour établir l’existence de nouvelles espèces. L’identification de *Careproctus colliculi*, *C. yanceyi* et *Paraliparis em* repose sur une méthodologie scientifique rigoureuse combinant plusieurs approches complémentaires de dernière génération.

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Les microscanners micro-CT utilisés révèlent l’anatomie interne de chaque spécimen sans les endommager. Ces images tridimensionnelles dévoilent des détails invisibles à l’œil nu : nombre de vertèbres, structure précise des nageoires, forme des dents. Autant d’éléments déterminants pour différencier les espèces au sein de la famille des Liparidae.

Le séquençage génétique confirme définitivement leur originalité. L’analyse des gènes COI et 16S, comparée aux séquences disponibles dans la base GenBank, révèle des similarités inférieures à 97% avec toute espèce connue. Ce seuil constitue la référence scientifique pour justifier une distinction spécifique.

La transparence des données marque une révolution dans la recherche abyssale. Les images d’imagerie sont accessibles sur MorphoSource, les séquences génétiques sur NCBI GenBank. Cette ouverture permet à la communauté scientifique mondiale de réutiliser et comparer ces précieuses informations.

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« *Chaque caractéristique anatomique et chaque séquence d’ADN renforcent l’individualité de ces espèces* », souligne Gerringer. Cette convergence méthodologique offre une vision robuste et précise qui transforme notre compréhension des écosystèmes abyssaux.

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Des Découvertes Qui Questionnent L’Avenir Des Abysses

Cette compréhension transformée révèle une réalité troublante : la biodiversité abyssale reste dramatiquement sous-estimée. Découvrir trois espèces nouvelles dans une zone étudiée depuis trente ans par le MBARI interroge sur l’ampleur de nos lacunes scientifiques.

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Les chercheurs identifient un biais d’échantillonnage majeur entre 3 000 et 5 000 mètres de profondeur. À ces niveaux, les pièges et caméras capturent préférentiellement de gros poissons, négligeant les petits poissons-limaces souvent invisibles sur les vidéos. « *Le fait que deux espèces très différentes aient été collectées au même endroit, lors d’une seule plongée, montre à quel point cet écosystème est encore mal connu* », admet Gerringer.

Cette méconnaissance devient critique face aux menaces industrielles émergentes. Les fonds abyssaux attirent désormais les projets d’exploitation minière sous-marine et de stockage de carbone. Sans cartographie précise des espèces présentes, de leur rôle écologique ou de leur distribution, toute activité humaine présente des risques majeurs pour ces écosystèmes fragiles.

Steven Haddock, chercheur principal au MBARI, alerte sur l’urgence de la situation : « *Il devient crucial de documenter la biodiversité avant qu’elle ne soit altérée. Chaque nouvelle espèce identifiée nous rappelle ce qu’il reste à protéger* ».

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Ces trois poissons-limaces incarnent ainsi un défi scientifique et environnemental majeur : explorer avant de détruire.

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