📌 Dijon : un policier municipal déclare à des CE1 que son Glock est « chargé et prêt à l’emploi » lors d’une séance sur la sécurité routière

Posted 11 décembre 2025 by: Admin
Un Dispositif De Sécurité Routière Qui Vire Au Dérapage Armé
Le 18 novembre dernier, deux policiers municipaux franchissent le seuil de l’école élémentaire du Nord, en plein centre-ville de Dijon. Leur mission : sensibiliser une classe de CE1 à la sécurité routière. Mais l’intervention prend une tournure inattendue dès leur entrée dans la salle de classe. Les deux agents portent ostensiblement leur équipement réglementaire à la ceinture : pistolet et bâton télescopique. Une présence armée qui détonne face à un public d’enfants de sept à huit ans venus apprendre les règles de circulation.
L’incident ne reste pas confiné entre les murs de l’établissement. Le 5 décembre, le syndicat SNUDI-Force Ouvrière adresse un courrier formel à l’inspecteur académique de Côte-d’Or pour dénoncer le déroulement de cette intervention. Le document, révélé par Ici Bourgogne, pointe un décalage flagrant entre l’objectif pédagogique annoncé et la réalité de l’échange. Les propos tenus par les policiers auraient été « non adaptés face à ce jeune public et totalement déconnectés de la thématique de la sécurité routière », selon les termes du syndicat.
Ce qui devait être une séance éducative classique bascule rapidement vers une tout autre direction. La curiosité naturelle des élèves face aux équipements des forces de l’ordre va déclencher une série de réponses qui sèmeront le trouble dans la classe.
« Un Glock Semi-Automatique, Chargé Et Prêt À L’emploi » : La Réponse Qui Glace
Cette curiosité naturelle se cristallise rapidement autour d’une question précise. Un élève interroge l’un des policiers sur l’arme qu’il porte à la ceinture. La réponse claque comme un coup de feu dans l’atmosphère feutrée de la salle de classe : « C’est un vrai pistolet, un Glock semi-automatique, chargé et prêt à l’emploi ». Des termes techniques, crus, formulés sans filtre devant des enfants de CE1.
Selon le courrier syndical, l’agent aurait minimisé le danger potentiel de son arme lors de cet échange. Mais la démonstration ne s’arrête pas là. Le policier municipal enchaîne avec son bâton télescopique, mimant physiquement son utilisation pour « repousser des personnes ». Une mise en scène gestuelle qui transforme l’intervention pédagogique en démonstration de matériel coercitif.
Le contraste frappe : là où les élèves attendaient des conseils sur le passage piéton et les feux tricolores, ils assistent à une présentation détaillée d’équipements de maintien de l’ordre. La sécurité routière s’efface progressivement au profit d’un discours centré sur la force et l’autorité policière. Une dérive qui va s’accentuer avec les propos suivants de l’agent.
L’Amalgame Glaçant Entre « Enfants Pas Sages » Et Délinquants
Le policier ne s’arrête pas à la démonstration de son équipement. Il franchit une ligne plus préoccupante encore en établissant un parallèle entre les élèves qui l’écoutent et les délinquants qu’il croise dans les rues dijonnaises. « Ceux qui ne respectent pas les règles à l’école sont les mêmes qui ne respectent pas les règles à l’extérieur », assène-t-il devant ces enfants de sept ou huit ans.
Cette déclaration opère un glissement rhétorique troublant. Elle transforme l’indiscipline scolaire ordinaire en marqueur de criminalité future. Un bavardage en classe, un oubli de consigne deviennent soudain des signaux avant-coureurs de délinquance urbaine. Le message sous-jacent résonne avec une dureté inadaptée à ce jeune public.
Le syndicat SNUDI-Force Ouvrière qualifie ces propos de « non adaptés » et « totalement déconnectés de la thématique de la sécurité routière ». L’intervention préventive initialement prévue bascule dans un discours répressif. La frontière entre éducation et intimidation s’estompe dangereusement.
Cette dérive verbale s’accompagne d’une focalisation croissante sur la dimension coercitive du métier plutôt que sur sa fonction protectrice. Les « enfants pas sages » se retrouvent associés à ces personnes qu’il faut « repousser » avec un bâton télescopique. Un amalgame qui génère incompréhension et malaise dans la classe, comme le constatera bientôt l’enseignante.
Malaise En Classe Et Réaction Institutionnelle
L’enseignante décide d’écourter l’intervention. Face au malaise perceptible dans la classe, elle met fin à une séance qui a dévié de son objectif initial. Les élèves, loin d’avoir retenu les consignes de sécurité routière, ne parlent plus que des armes exhibées par les policiers municipaux.
« Les remarques et questions des élèves ont porté exclusivement sur les armes des agents. Ils ont exprimé de l’inquiétude et un certain malaise », rapporte le courrier syndical adressé à l’inspecteur académique. Cette focalisation révèle l’impact de l’intervention : au lieu d’éduquer, elle a généré de l’appréhension chez ces enfants de CE1.
Le syndicat SNUDI-Force Ouvrière ne s’arrête pas au constat. Il formule une demande explicite d’interdiction de l’armement lors des interventions de police municipale en milieu scolaire. Une requête qui vise à éviter la reproduction de tels incidents dans d’autres établissements dijonnais.
Du côté de la municipalité de Dijon, c’est le silence radio. Interrogée sur cet épisode, elle indique « ne pas faire de commentaire ». Un mutisme qui contraste avec la gravité des faits relatés et laisse sans réponse les questions soulevées par les enseignants et parents d’élèves. La polémique enfle tandis que les autorités locales restent murées dans leur refus de communiquer.










