📌 Foyer ASE à Paris : un enfant de 8 ans tondu et filmé par ses éducateurs, la vidéo partagée dans un groupe professionnel

Posted 9 décembre 2025 by: Admin
L’Humiliation Filmée : Quand Un Geste « Éducatif » Bascule Dans La Maltraitance
Février 2025. Dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance du 13e arrondissement de Paris, une scène glaçante se déroule sous l’objectif d’un smartphone. Eliott, 8 ans à peine, se fait raser la tête à blanc par une éducatrice censée veiller à son bien-être. Aucun consentement de l’enfant. Aucune autorisation parentale. Juste une décision unilatérale qui sera immortalisée en vidéo.
La séquence atterrit aussitôt sur un groupe WhatsApp professionnel réunissant les éducateurs du foyer Jenner. Les réactions fusent, oscillant entre gêne et dérision. « Vous avez vu avec les parents pour le raser à blanc ? », interroge une première éducatrice. La réponse tombe, sans détour : « Non nous avons pris la décision sans consulter personne ». Une collègue s’alarme : « Vous êtes fou », « On est en plein hiver, il va avoir super froid ».
Mais c’est un autre message qui fait basculer l’incident dans la maltraitance caractérisée. Quand une quatrième personne demande s’il s’agissait d’une demande du petit garçon, une animatrice lâche trois mots sans équivoque : « C’est une sanction ». La tondeuse devient alors instrument punitif, l’humiliation un outil disciplinaire. Un éducateur réagit enfin fermement : « Si c’est pas une blague, c’est très très grave ».
Sept mois plus tard, la mairie de Paris prend connaissance « avec consternation » de cette dérive, informée « tardivement » d’un acte qui interroge frontalement les pratiques au sein de ses structures de protection de l’enfance.
Le Prétexte Des Poux Et La Justification Contestée
Face à l’onde de choc provoquée par la vidéo, les animateurs du foyer avancent rapidement une explication sanitaire. Eliott aurait eu des poux. Le traitement appliqué n’aurait pas fonctionné. La tonte s’imposait donc comme ultime recours hygiénique. Une ligne de défense qui se heurte immédiatement à la chronologie des échanges WhatsApp, où le mot « sanction » figurait noir sur blanc.
La mairie de Paris balaie cette tentative de légitimation a posteriori dans une déclaration sans ambiguïté : « Ni l’accord de l’enfant, ni l’autorisation de sa mère, ni les tentatives infructueuses pour se débarrasser des poux ne sauraient justifier cette pratique humiliante ». L’institution rappelle ainsi un principe fondamental : même face à un problème parasitaire avéré, la solution ne peut s’affranchir du consentement et de l’autorité parentale.
L’argument sanitaire révèle surtout une confusion dangereuse entre soin et punition. Car si les poux justifiaient réellement l’intervention, pourquoi qualifier l’acte de « sanction » dans les échanges internes ? Pourquoi filmer la scène et la partager comme un trophée sur un groupe professionnel ? Cette contradiction entre le discours officiel et les conversations privées expose une dérive disciplinaire maquillée en geste d’hygiène.
La ville-capitale annonce des mesures : changement de chef de service, renouvellement de l’équipe concernée. Des réorganisations administratives qui n’effacent ni l’humiliation subie, ni les questions qui demeurent sur la réaction des institutions.
Silence Institutionnel Et Parcours Du Combattant Pour La Mère
Septembre 2025. Sept mois après les faits, la mère d’Eliott découvre enfin la vérité. Elle se rend immédiatement au foyer pour exiger des explications. La directrice la reçoit, mais l’éducatrice concernée brille par son absence. Prétexte invoqué : elle n’est pas disponible. Le soir même, cette éducatrice se met en arrêt maladie. Une fuite qui en dit long sur l’embarras institutionnel.
Plus troublant encore : l’éducatrice contacte ensuite la mère par téléphone pour se dédouaner. Elle affirme n’être pas responsable de la tonte et que la vidéo « ne reflète pas la scène telle qu’elle s’est réellement passée ». Une version contradictoire avec les captures d’écran accablantes du groupe WhatsApp.
Le 23 septembre, l’avocat de la famille, Me Axel Delaunay-Belleville, saisit officiellement la juge des enfants. Il transmet les preuves, détaille les faits de maltraitance. La magistrate accuse réception du signalement. Puis plus rien. Aucun retour, aucune suite judiciaire visible à ce jour. Un silence assourdissant qui contraste avec la gravité des accusations.
La mère envisage de porter plainte, mais la peur la paralyse. Porter plainte pourrait signifier le transfert d’Eliott dans un autre foyer, loin de Paris, loin d’elle. Entre justice et proximité avec son fils, elle choisit la seconde option, piégée par un système censé la protéger. La mairie reconnaît avoir été informée « tardivement », sept mois après l’humiliation filmée. Une lenteur qui interroge sur les circuits de remontée d’information au sein de l’ASE parisienne.
Un Système De Protection Qui Protège Mal : Le Cas Symptomatique D’Eliott
Malgré l’humiliation filmée, Eliott reste dans le foyer du 13e arrondissement. Interrogé, il affirme s’y sentir bien. Un paradoxe troublant qui illustre la complexité des situations de placement : l’enfant victime se déclare attaché à l’institution qui l’a maltraité. La mairie de Paris souligne cette volonté de l’enfant de ne pas être déplacé, transformant une défaillance en argument de maintien du statu quo.
Autre dysfonctionnement révélateur : son frère a été placé dans un autre foyer. Pourtant, la juge des enfants avait explicitement demandé que les deux enfants ne soient pas séparés. Une directive judiciaire ignorée sans explication. Les deux frères vivent désormais éloignés l’un de l’autre, privés du soutien fraternel dans une période déjà difficile.
À l’approche des fêtes de fin d’année, la mère espère retrouver ses deux fils. Elle n’y croit pas vraiment. Le prochain renouvellement de la décision de placement est programmé pour février 2026, exactement un an après l’incident de la tonte. Une coïncidence calendaire chargée de symbole.
L’histoire d’Eliott dépasse le cas individuel. Elle révèle les failles structurelles de l’ASE : absence de contrôle interne, circuits de signalement défaillants, non-respect des décisions judiciaires, inertie institutionnelle face aux maltraitances avérées. Un enfant tondu, filmé, humilié en février. Une justice saisie en septembre qui reste muette. Une mère contrainte au silence par peur de perdre la proximité avec son fils. Le système censé protéger l’enfance dysfonctionne à tous les niveaux.










