📌 « J’ignorais que c’était interdit » : leur défense surprenante après avoir détourné 100 000 euros à la CAF

Posted 12 octobre 2025 by: Admin
Une Fraude Familiale Orchestrée Sur Six Années
Entre 2014 et 2020, trois frères ont méthodiquement détourné les mécanismes de protection sociale française, soutiriant plus de 150 000 euros à la Caisse d’Allocations Familiales du Var. Cette escroquerie d’envergure, révélée lors du procès devant le tribunal correctionnel de Draguignan, expose un système frauduleux particulièrement sophistiqué.
Hatem et Mohamed, les deux premiers complices, ont perçu respectivement 67 000 et 46 000 euros d’allocations familiales et d’aides à la rentrée scolaire. Leur stratagème reposait sur une déclaration mensongère majeure : leurs dix enfants au total résidaient en réalité en Tunisie, rendant ces prestations totalement illégales.
Le troisième frère, Nouri B., propriétaire immobilier, a développé une technique différente mais tout aussi lucrative. Il a multiplié les faux baux locatifs pour capter indûment 37 000 euros d’aides au logement, utilisant sans leur consentement l’identité de personnes vivant à l’étranger.
Cette fraude familiale illustre parfaitement les failles du système d’allocations français face à des mécanismes transfrontaliers complexes. L’enquête de la CAF a révélé l’ampleur d’une organisation qui exploitait simultanément plusieurs dispositifs sociaux, transformant la solidarité nationale en source d’enrichissement personnel.
Le Stratagème Des « Enfants Fantômes » Démasqué
Cette organisation transfrontalière reposait sur un argument apparemment légitimé par les deux premiers frères. Hatem et Mohamed ont en effet justifié leurs perceptions d’allocations par une situation particulière : « Mes enfants sont scolarisés dans une école française là-bas. Je pensais que, comme je travaille en France, j’y avais droit », explique Hatem au tribunal.
Cette défense de bonne foi révèle une zone grise exploitée par les fraudeurs. L’existence d’établissements scolaires français à l’étranger crée effectivement une confusion juridique que les prévenus ont instrumentalisée. Mohamed confirme cette ligne de défense : « J’ignorais que c’était interdit », avant d’ajouter une précision révélatrice de sa stratégie : « Quand on me l’a dit, j’ai immédiatement remboursé. »
Cette réaction immédiate cache pourtant une réalité moins favorable. Malgré ce geste, Mohamed a écopé d’une pénalité supplémentaire de 10 000 euros, suggérant que l’administration ne s’est pas laissée convaincre par cette prétendue ignorance. Les deux frères ont ainsi été poursuivis pour « déclaration fausse pour obtenir d’un organisme de protection sociale une allocation indue ».
L’enquête de la CAF a démontré que cette méconnaissance alléguée de la loi masquait une exploitation systématique des failles administratives, particulièrement sophistiquée dans sa dimension internationale.
L’Ingénieux Système De Faux Baux Immobiliers
Cette sophistication atteint son paroxysme avec le troisième frère, Nouri B., qui a développé un mécanisme d’escroquerie d’une tout autre envergure. Propriétaire d’un immeuble dans le Var, il a orchestré un système de fausses locations pour détourner les allocations logement sur une période équivalente.
L’enquête menée par la CAF révèle l’ampleur de cette manipulation : Nouri B. « a multiplié les faux baux pour toucher plusieurs allocations logement sans y avoir droit ». La méthode employée dépasse la simple déclaration mensongère. L’homme établissait des quittances de loyer fictives au nom de personnes résidant à l’étranger, créant ainsi une façade administrative complexe pour justifier ses demandes d’aides.
La découverte de cette fraude immobilière expose une violation supplémentaire particulièrement grave. « Ces personnes-là n’étaient même pas au courant que Nouri B. utilisait leur identité », souligne la procureure, révélant une dimension d’usurpation d’identité systématique. « Il y a eu clairement faux et usage de faux. »
Les investigations techniques ont permis de confirmer ces manœuvres grâce aux connexions informatiques, prouvant que ces locataires prétendument installés dans le Var n’avaient jamais mis les pieds sur le territoire français. Cette escroquerie immobilière représente à elle seule 37 000 euros de préjudice pour l’organisme social.
Justice Rendue : Des Sanctions Différenciées Selon Les Responsabilités
Face à l’ampleur de ces détournements et à la diversité des méthodes employées, le tribunal correctionnel de Draguignan a prononcé des sanctions adaptées au degré de responsabilité de chaque protagoniste. Cette gradation judiciaire reflète clairement la hiérarchie des préjudices causés et la sophistication des procédés utilisés.
Hatem et Mohamed, les deux frères ayant orchestré le stratagème des « enfants fantômes », ont été condamnés à six mois de prison avec sursis simple. Cette clémence relative s’explique par leur défense d’ignorance et leur attitude coopérative une fois la fraude découverte. Tous deux poursuivis pour « déclaration fausse pour obtenir d’un organisme de protection sociale une allocation indue », ils bénéficient d’une certaine indulgence du tribunal.
En revanche, Nouri B., l’architecte du système de faux baux immobiliers, essuie une condamnation autrement plus sévère. Le tribunal lui inflige dix-huit mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 10 000 euros. Cette sanction pénale s’accompagne de l’obligation de rembourser intégralement les 37 000 euros détournés à la CAF.
Cette différenciation des peines illustre la volonté judiciaire de proportionner les sanctions à la gravité des faits commis. L’usurpation d’identité et la création de fausses pièces administratives constituent des circonstances aggravantes qui justifient cette sévérité accrue envers le propriétaire-escroc.