📌 La méthode « à l’ancienne » qui révèle l’état inquiétant des prisons françaises

Posted 28 novembre 2025 by: Admin
Une Évasion Spectaculaire Au Cœur De Dijon
La découverte a provoqué une stupeur immédiate à la maison d’arrêt de Dijon. Ce jeudi matin à 7 heures précises, lors du contrôle routinier des effectifs au quartier sécuritaire, l’administration pénitentiaire constate l’impensable : deux cellules sont vides, leurs occupants évaporés dans la nuit.
L’enquête révèle rapidement un modus operandi minutieusement orchestré. Les deux détenus ont « vraisemblablement scié des barreaux » de leurs cellules respectives avant de « prendre la fuite à l’aide de draps », selon les premières déclarations du procureur de Dijon, Olivier Caracotch. Cette méthode, digne des plus célèbres évasions cinématographiques, témoigne d’une préparation méticuleuse.
Le syndicat FO Justice, prompt à réagir sur les réseaux sociaux, précise que les fugitifs étaient « placés à l’isolement » et ont utilisé « une lame de scie » pour découper les barreaux. Cette révélation soulève des questions cruciales sur la sécurité de l’établissement et les protocoles de surveillance du quartier supposé être le plus sécurisé.
L’évasion s’est déroulée entre 6 heures et 7 heures du matin, exploitant la fenêtre critique entre les rondes nocturnes et le contrôle matinal. Une coordination parfaite qui interroge sur les failles sécuritaires de cet établissement déjà fragilisé par ses conditions d’hébergement.
Profils Des Fugitifs Et Enquête En Cours
Ces failles sécuritaires ont permis l’évasion de deux détenus aux profils criminels particulièrement préoccupants. Le plus jeune, âgé de seulement 19 ans, était incarcéré après avoir été mis en examen pour « tentative d’assassinat et association de malfaiteurs ». Son complice d’évasion, un homme de 32 ans, purgeait une détention provisoire pour « menaces et violences habituelles aggravées sur conjointe ».
Détail troublant révélé par le procureur Olivier Caracotch : les deux fugitifs se trouvaient en détention provisoire « dans le cadre de procédures non suivies au tribunal de Dijon ». Cette situation administrative complexe soulève des interrogations sur les transferts inter-établissements et la traçabilité des détenus les plus dangereux.
L’ampleur de l’opération d’évasion a immédiatement mobilisé les services spécialisés. Une enquête de flagrance pour « évasions en bande organisée » a été ouverte par le parquet et confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), anciennement police judiciaire. Cette qualification juridique témoigne de la gravité accordée à l’affaire par les autorités.
La DCOS dispose désormais de moyens d’investigation étendus pour retrouver ces deux hommes. Leur dangerosité présumée et leur capacité à coordonner une évasion aussi sophistiquée transforment cette affaire en priorité sécuritaire nationale, d’autant que leurs motivations post-évasion demeurent inconnues.
Une Prison Vétuste En Surpopulation Critique
Cette priorité sécuritaire révèle brutalement les failles structurelles de l’établissement dijonnais. La maison d’arrêt, vétuste et située en plein cœur de la ville, affiche un taux d’occupation vertigineux de 173% : 311 détenus s’entassent dans un espace prévu pour 180 places seulement, selon les chiffres officiels du ministère de la Justice au 31 octobre.
Cette surpopulation explosive explique en partie comment deux détenus ont pu organiser leur évasion sans détection. Les conditions carcérales dégradées transforment la surveillance en défi quotidien pour des équipes débordées.
Face à cette situation critique, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a désigné vendredi dernier la prison dijonnaise parmi les six établissements prioritaires de son plan « zéro portable ». Une enveloppe de six millions d’euros a été annoncée pour moderniser ces infrastructures pénitentiaires défaillantes.
Mais cette mesure gouvernementale, aussi nécessaire soit-elle, arrive après des années de négligence. L’évasion spectaculaire de cette nuit illustre dramatiquement les conséquences d’un système carcéral à bout de souffle, où la vétusté des installations facilite les projets d’évasion les plus audacieux.
Cette situation dijonnaise n’est malheureusement pas isolée, révélant une crise pénitentiaire bien plus large qui dépasse les frontières de la Côte-d’Or.
Crise Systémique Et Tensions Syndicales
Cette crise pénitentiaire généralisée trouve son illustration la plus saisissante dans l’évasion récente d’un détenu du centre de Rennes-Vézin, survenue lors d’une sortie au planétarium de la ville. Une faille sécuritaire qui a coûté son poste au directeur de l’établissement, aussitôt démis de ses fonctions par Gérald Darmanin.
Cette révocation expéditive a déclenché la colère des organisations professionnelles de directeurs de prison. Mercredi, trois syndicats ont fustigé le « mépris » du garde des Sceaux, l’accusant de ne reculer « devant rien pour entretenir son image de fermeté et de réactivité ». Leurs reproches visent particulièrement l’allocation des ressources : « tous les moyens d’un État endetté » seraient consacrés aux quartiers de lutte contre la criminalité pour narcotrafiquants, « quand la grande majorité des services sont exsangues ».
Les chiffres nationaux confirment cette crise systémique : au 1er octobre, 84.862 détenus s’entassaient dans seulement 62.501 places opérationnelles, soit une densité carcérale explosive de 135,8%. Cette surpopulation place la France au troisième rang européen des mauvais élèves, derrière la Slovénie et Chypre selon le Conseil de l’Europe.
« Pendant que le garde des Sceaux parade dans des structures surdotées, les autres services agonisent », dénoncent les syndicats, réclamant « un véritable plan d’urgence » sans « poudre aux yeux ni stratégie de communication ».










