📌 Mononucléose : des chercheurs de Stanford révèlent comment le virus d’Epstein-Barr déclenche le lupus chez certains patients

Posted 14 décembre 2025 by: Admin
Le Virus De La Mononucléose Au Cœur D’une Découverte Majeure Sur Le Lupus
La mononucléose infectieuse, cette « maladie du baiser » qui cloue tant d’adolescents au lit pendant des semaines, vient de révéler un visage autrement plus inquiétant. Des chercheurs de l’Université de Stanford ont identifié le mécanisme précis par lequel le virus d’Epstein-Barr, responsable de cette infection bénigne, déclenche le lupus érythémateux systémique, une maladie auto-immune potentiellement mortelle.
Publiée dans Science Translational Medicine, l’étude dévoile comment ce virus fait basculer certaines cellules immunitaires dans l’auto-agression. « Il s’agit de la découverte la plus marquante de toute ma carrière dans mon laboratoire », déclare le professeur William Robinson, spécialiste d’immunologie et de rhumatologie. Plus audacieux encore, il affirme que ce mécanisme « s’applique à 100% des cas de lupus ».
Cette révélation met fin à des décennies d’observations cliniques frustrantes. Les médecins constataient depuis longtemps que les infections virales précédaient souvent les poussées de lupus, sans jamais comprendre le lien intime entre les deux. Aujourd’hui, le mystère s’éclaircit pour les 5 millions de personnes touchées dans le monde, dont neuf sur dix sont des femmes. Pour environ 5% d’entre elles, cette maladie aux manifestations multiples, attaquant la peau, les articulations, les reins ou le cœur, peut s’avérer fatale.
Cette découverte ne relève pas de la simple curiosité scientifique : elle redéfinit notre compréhension du lupus et ouvre la voie à des stratégies thérapeutiques radicalement nouvelles.
Un Virus Quasi Universel Qui Se Cache À Vie Dans Nos Cellules
Impossible d’échapper au virus d’Epstein-Barr. « Le seul moyen d’éviter le virus d’Epstein-Barr, c’est de vivre comme dans une bulle », affirme le Pr. Robinson. « Si vous avez mené une vie normale, vous avez près de 20 chances sur 1 d’être infecté ». Les chiffres le confirment : 94 à 95% des adultes hébergent déjà ce passager clandestin, contracté le plus souvent par la salive durant l’enfance ou l’adolescence.
Ce qui rend ce virus particulièrement retors, c’est sa stratégie de survie. Comme les agents de la varicelle ou de l’herpès, l’EBV insère son matériel génétique directement dans le noyau des lymphocytes B, ces globules blancs chargés de produire nos anticorps. Une fois niché, il entre en sommeil, invisible aux radars immunitaires. Cette phase de latence peut durer aussi longtemps que la cellule hôte survit, y compris des décennies.
Aucun traitement ne peut l’éliminer. Le virus reste tapi, même chez les porteurs asymptomatiques qui n’ont jamais souffert de mononucléose. Sous certaines conditions encore mal comprises, il se réactive, produisant de nouvelles copies capables d’infecter d’autres cellules. C’est précisément lors de ces réveils que le système immunitaire de certains patients bascule dans l’auto-destruction, transformant ce virus banal en déclencheur d’une pathologie dévastatrice.
Le Mécanisme Révélé : Comment Le Virus Transforme Nos Défenses En Agresseurs
Pour comprendre ce basculement, l’équipe de Stanford a développé une technologie de séquençage à cellule unique capable de repérer, une par une, les lymphocytes B porteurs du génome viral. Les résultats frappent par leur netteté : chez 11 patients atteints de lupus, les chercheurs ont identifié en moyenne 25 cellules B infectées pour 10 000, contre seulement 1 sur 10 000 chez 10 témoins sains. Plus encore, ces cellules infectées présentaient bien plus souvent un profil autoréactif.
Le coupable désigné s’appelle EBNA2, une protéine produite par le virus qui agit comme un véritable commutateur génétique. Sous son influence, les cellules B infectées se métamorphosent en cellules présentatrices d’antigènes particulièrement redoutables. Elles exhibent à leur surface des fragments d’ADN et de protéines nucléaires, excitent des lymphocytes T auxiliaires, puis recrutent d’autres lymphocytes B autoréactifs, parfois même non infectés.
Cette réaction en chaîne transforme une poignée de cellules infectées en armée destructrice. Lorsque cette population se développe, la poussée de lupus survient. Une minorité de lymphocytes B suffisent ainsi à déclencher une cascade auto-immune dans tout l’organisme, expliquant pourquoi les attaques du lupus frappent aléatoirement la peau, les articulations, les reins ou le cerveau. La découverte de ce mécanisme précis ouvre désormais la voie à des approches thérapeutiques radicalement nouvelles.
Vers De Nouveaux Traitements Et La Prévention D’Autres Maladies Auto-Immunes
Cette cascade déclenchée par le virus d’Epstein-Barr pourrait ne pas se limiter au seul lupus. Robinson soupçonne que le même mécanisme d’activation des lymphocytes B auto-ciblés via la protéine EBNA2 joue un rôle dans d’autres maladies auto-immunes : sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn. Des indices d’activité EBNA2 initiée par l’EBV ont déjà été observés dans ces pathologies, suggérant un schéma commun jusqu’ici insoupçonné.
« Cette étude marque un progrès très important dans la compréhension de la maladie », souligne Alexis Mathian. Au-delà de l’explication théorique, la découverte nourrit déjà des projets concrets : vaccins anti-EBV capables de prévenir l’infection initiale, et traitements ciblant spécifiquement les cellules B infectées pour freiner durablement les poussées chez les malades.
Une question demeure néanmoins : pourquoi seule une minorité de porteurs du virus développe-t-elle un lupus alors que 95 % de la population héberge l’EBV ? Les chercheurs supposent une combinaison de prédispositions génétiques, de facteurs hormonaux et d’antécédents médicaux particuliers. Identifier ces éléments permettrait de détecter les personnes à risque avant même l’apparition des premiers symptômes, transformant radicalement la prise en charge de cette maladie longtemps mystérieuse.










