📌 Mwangi révèle pourquoi il a temporairement abandonné son prénom africain : « Je n’étais plus moi-même… »

Posted 2 septembre 2025 by: Admin
Le Choc Culturel Du Prénom : De Mwangi À James
La première réunion en résidence universitaire au Canada marqua un tournant dans la vie de Mwangi. Lorsqu’il se présenta simplement – « Bonjour, je m’appelle Mwangi… » – le silence qui suivit révéla brutalement sa nouvelle réalité. Une seconde s’écoula. Puis une autre. Tous les regards étaient tournés vers lui, le seul Noir de la pièce. Quelques-uns plissèrent les yeux, mais tous restèrent silencieux.
Ce moment cristallisa une négociation silencieuse avec lui-même. Au Kenya, son nom, sa peau et son accent se confondaient dans la familiarité de la foule. Mais au Canada, tout changea. Avant même d’ouvrir la bouche, il se démarquait. Une question s’imposa alors avec une force troublante : devrait-il changer son nom pour que les autres se sentent plus à l’aise ?
Son prénom devint un test quotidien de patience. Baristas, camarades et collègues lui demandaient souvent de le répéter ou de choisir un prénom plus facile à prononcer. Face à cette pression sociale constante, Mwangi finit par céder : il adopta James, un prénom qui facilitait ses interactions mais créait un sentiment de détachement troublant. Chaque fois qu’il l’entendait, il avait l’impression de jouer un rôle imposé par les autres, loin de son identité véritable.
L’Adaptation Forcée Et Ses Conséquences Psychologiques
Cette transformation de Mwangi en James révéla rapidement son coût psychologique. Au Kenya, il évoluait naturellement dans un environnement où son identité ne nécessitait aucune explication. Son nom résonnait familièrement, porté par le rythme naturel des conversations en kikuyu ou en swahili. Chaque interaction confirmait sa légitimité d’exister sans justification.
L’arrivée au Canada brisa cette évidence. Les baristas hésitaient face à son prénom original, les professeurs évitaient de l’appeler, les camarades préféraient contourner la difficulté. Cette répétition quotidienne d’incompréhension transforma progressivement son rapport à lui-même. James facilitait effectivement ses interactions, mais chaque fois qu’il entendait ce prénom d’emprunt, un sentiment de détachement apparaissait, comme s’il observait quelqu’un d’autre vivre sa vie.
L’adoption de James créa une fracture invisible. D’un côté, l’efficacité sociale : commandes de café sans répétition, présentations fluides, intégration simplifiée. De l’autre, une érosion silencieuse de son authenticité. Il jouait désormais un rôle calibré pour rassurer son entourage, lissant les aspérités de sa différence pour épargner l’effort d’adaptation aux autres.
Cette négociation constante entre confort social et intégrité personnelle généra une fatigue particulière. Chaque « James » prononcé par autrui résonnait comme une petite trahison de ses origines, un compromis qui facilitait le présent mais hypothéquait progressivement sa connexion à ses racines profondes.
La Reconquête Identitaire : Retrouver Ses Racines
Cette fatigue identitaire poussa progressivement Mwangi vers une réflexion plus profonde sur ce qu’il avait abandonné. Reprendre son prénom de naissance ne relevait pas d’un simple changement administratif : il s’agissait de reconnecter avec un héritage millénaire que James avait involontairement effacé.
Dans sa tribu kikuyu, Mwangi porte une signification puissante : « expansion rapide ». Ce prénom n’évoque pas seulement la croissance, mais une invitation ancestrale à grandir et à occuper pleinement l’espace qui lui revient. Les noms africains ne sont pas de simples identifiants, ils constituent des déclarations d’intention, des prophéties familiales transmises de génération en génération.
La cérémonie de nomination qui l’avait baptisé enfant possédait une dimension spirituelle profonde, ancrée dans la lignée familiale. Son grand-père avait choisi ces syllabes en pensant à l’homme qu’il deviendrait. Chaque fois que Mwangi prononçait son vrai prénom, il réactivait cette connexion mystique avec ses ancêtres, cette continuité culturelle que James avait interrompue.
L’opposition devenait claire : James le rattachait à une version occidentalisée et chrétienne de lui-même, Mwangi le reconnectait à son histoire véritable. Retrouver son prénom original signifiait revendiquer son droit à exister sans traduction, à porter fièrement la mémoire de son peuple et à honorer les intentions de ceux qui l’avaient nommé.
L’Affirmation Définitive : Assumer Sans Compromis
Cette reconnexion spirituelle avec ses origines devait désormais se traduire dans le quotidien. Revendiquer Mwangi face à un monde qui préférait James exigeait une persistance quotidienne, un acte de résistance silencieuse répété à chaque présentation.
Aujourd’hui, porter son prénom africain dans des environnements majoritairement blancs reste un défi constant. Les hésitations se lisent encore sur certains visages, les approximations phonétiques se multiplient, mais Mwangi a définitivement cessé de faciliter la tâche aux autres. Chaque correction devient un rappel ferme : son identité n’est pas négociable.
Cette transformation radicale modifie profondément ses interactions sociales. Là où James apaisait la tolérance générale et évitait les malaises, Mwangi impose désormais la reconnaissance. Il refuse les diminutifs, corrige les déformations et laisse s’installer le silence nécessaire à l’apprentissage de son vrai nom.
Son prénom devient ainsi un pont vivant entre son héritage kikuyu et sa vie occidentale, un héritage qui refuse de se réduire pour la commodité d’autrui. Dans ce geste apparemment simple mais profondément politique, Mwangi retrouve sa voix authentique et sa dignité intacte.
Cette affirmation identitaire transforme également sa perception de l’espace qu’il occupe. Fini le temps où il se faisait discret pour épargner l’inconfort des autres.