📌 Publicitaire, médium, élu local… dix profils inattendus jugés pour cette rumeur malveillante sur Brigitte Macron

Posted 27 octobre 2025 by: Admin
Un Procès Inédit Contre La Cyberviolence Sexiste
Les 27 et 28 octobre, le tribunal correctionnel de Paris inscrit une première dans les annales judiciaires françaises. Dix prévenus comparaissent pour cyberharcèlement sexiste contre Brigitte Macron, marquant le procès le plus retentissant jamais organisé en France pour des violences numériques visant une Première dame.
Huit hommes et deux femmes risquent jusqu’à deux ans de prison ferme pour avoir alimenté et propagé une rumeur transphobe particulièrement virulente. Ces accusations découlent directement de la plainte déposée par Brigitte Macron en août 2024, après des mois de harcèlement massif sur les réseaux sociaux.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « cyberharcèlement et provocation à commettre une infraction » cinq mois après le dépôt de plainte. Cette procédure judiciaire révèle l’ampleur d’une campagne de désinformation qui a franchi les frontières nationales. Les messages incriminés, diffusés entre 2024 et 2025, comportaient selon les enquêteurs « de nombreux propos malveillants portant sur le genre, la sexualité de Brigitte Macron ainsi que la différence d’âge avec son conjoint selon un angle l’assimilant à la pédophilie ».
Cette affaire établit un précédent juridique majeur dans la lutte contre les violences numériques sexistes, particulièrement celles visant les femmes occupant des fonctions publiques de premier plan.
Anatomie D’une Désinformation Mondiale Orchestrée
Cette campagne de harcèlement massif prend racine dans une désinformation savamment orchestrée depuis 2017. La rumeur transphobe émerge dès l’élection d’Emmanuel Macron, avant de connaître une résurgence explosive en 2021 grâce à Natacha Rey, ancienne « gilet jaune » autoproclamée journaliste indépendante.
L’amplification décisive intervient lors d’une émission YouTube de quatre heures, co-animée par Delphine J., alias « Amandine Roy », médium active sur la plateforme. Ces deux femmes affirment alors que Brigitte Macron serait née homme, sous le nom de son frère Jean-Michel Trogneux. Un récit farfelu qui franchit rapidement les cercles complotistes français grâce à Xavier Poussard, figure de l’extrême droite.
En janvier 2025, la désinformation atteint une dimension planétaire. L’influenceuse trumpiste Candace Owens, suivie par des millions d’abonnés, relance l’affaire avec sa série de vidéos « Becoming Brigitte ». Cette propagation internationale contraint le couple présidentiel à porter plainte aux États-Unis, révélant l’ampleur d’un phénomène désormais transnational.
Le mélange explosif de misogynie, transphobie et haine politique a ainsi transformé une rumeur locale en véritable tsunami numérique, démontrant la redoutable efficacité des réseaux complotistes internationaux.
Les Visages Du Harcèlement Numérique Décryptés
Derrière ce tsunami numérique se cachent des profils aussi disparates qu’obsessionnels. Les dix accusés révèlent la diversité troublante du monde complotiste : ancien publicitaire, médium, influenceurs ou simples internautes convaincus unis par une même fixation haineuse.
Aurélien Poirson-Atlan incarne parfaitement cette dérive. Cet ex-communicant, connu sous le pseudonyme « Zoé Sagan », avait déjà défrayé la chronique pour avoir diffusé les vidéos intimes de l’ex-député Benjamin Griveaux. Son compte X, suspendu depuis 2024, servait de relais infatigable aux thèses conspirationnistes les plus virulentes. Une reconversion numérique de la communication politique vers la propagation de haine.
Autre figure emblématique, Delphine J., 51 ans, alias « Amandine Roy ». Cette médium revendique mordicus sa liberté d’expression et nie toute intention malveillante. Son avocate plaide qu’elle « n’a fait que rebondir sur l’actualité », argument qui peine à convaincre face à l’avalanche d’insultes générée par ses publications.
Natacha Rey, ex-« gilet jaune » autoproclamée journaliste, complète ce tableau. Déjà condamnée pour diffamation en 2023 puis relaxée en appel, elle illustre les failles juridiques que cette affaire entend combler.
Ces parcours révèlent comment la haine numérique recrute dans tous les milieux, transformant frustrations personnelles et convictions politiques en armes de destruction massive digitales.
Vers Une Jurisprudence Historique Contre La Haine En Ligne
Ces failles juridiques expliquent précisément pourquoi le parquet a abandonné le chef de diffamation au profit du cyberharcèlement sexiste. Une évolution stratégique majeure qui pourrait révolutionner la protection des femmes publiques face à la violence numérique.
L’affaire Natacha Rey illustre parfaitement cette impasse juridique. Condamnée pour diffamation en 2023, elle avait été relaxée en appel sur une interprétation qui avait choqué : « accuser quelqu’un d’être trans n’est pas en soi diffamatoire ». Cette décision controversée révélait l’inadéquation des outils juridiques traditionnels face aux nouvelles formes de haine en ligne.
Le parquet mise désormais sur le chef plus large de cyberharcèlement sexiste, englobant les attaques coordonnées sur le genre, la sexualité et l’apparence physique. Une approche qui pourrait créer une jurisprudence décisive pour protéger les figures publiques féminines contre les campagnes de désinformation sexiste.
Face à cette déferlante mondiale, Brigitte Macron a choisi la riposte judiciaire tous azimuts. Après la plainte française, le couple présidentiel a porté l’affaire devant les tribunaux américains, visant directement l’influenceuse Candace Owens et ses millions d’abonnés. Une stratégie internationale qui teste les limites de la justice face aux nouveaux territoires numériques sans frontières.
Ce procès pourrait ainsi marquer un tournant dans la lutte contre la cyberviolence de genre, transformant les victimes en pionnières d’une révolution juridique nécessaire.










