📌 Sébastien Lecornu signe le décret qui met fin à un privilège vieux de 15 ans

Posted 18 septembre 2025 by: Admin
La Fin D’une Époque : Lecornu Supprime Les Privilèges Perpétuels De Matignon
Promesse tenue en quarante-huit heures. Sébastien Lecornu a publié mercredi au Journal officiel le décret supprimant les derniers avantages « à vie » des anciens Premiers ministres, deux jours seulement après l’avoir annoncé. Une rapidité d’exécution qui témoigne de la volonté gouvernementale de tourner définitivement la page de ces privilèges controversés.
Le texte, daté du 16 septembre, met fin à une tradition de plusieurs décennies en limitant à dix ans maximum l’usage d’un véhicule de fonction et d’un chauffeur pour les anciens locataires de Matignon. « Le décret limite à dix ans à compter de la cessation des fonctions la période pendant laquelle les Premiers ministres bénéficient d’un véhicule de fonction et d’un conducteur automobile », précise le texte officiel.
Cette réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2026 et s’appliquera rétroactivement aux anciens Premiers ministres « ayant quitté leurs fonctions il y a plus de dix ans ». Une disposition qui marque la fin d’un système où l’État prenait en charge ces dépenses sans aucune limitation temporelle.
La mesure complète également un volet sécuritaire avec la révision de la protection policière, désormais encadrée par des critères plus stricts.
Les Grands Perdants : De Valls À De Villepin, Qui Sera Impacté Par Cette Réforme
Cette révision des privilèges ne restera pas théorique : plusieurs anciennes figures de Matignon vont concrètement perdre leurs avantages. Manuel Valls, qui a quitté ses fonctions le 6 décembre 2016, devient le premier grand perdant de cette réforme. Après près de neuf ans hors de Matignon, l’ancien Premier ministre de François Hollande se retrouvera sans véhicule de fonction ni chauffeur dès janvier 2026.
La liste des concernés s’étend à tous les prédécesseurs de Valls ayant dépassé la barre fatidique des dix ans. Jean-Marc Ayrault, parti le 31 mars 2014, François Fillon qui avait quitté ses fonctions le 15 mai 2012, et Dominique de Villepin, sorti de Matignon le 17 mai 2007, perdront simultanément ces privilèges coûteux pour l’État.
L’application rétroactive du décret frappe particulièrement fort : peu importe l’ancienneté de leur départ, tous les anciens Premiers ministres ayant quitté leurs fonctions il y a plus de dix ans sont concernés. Cette disposition efface d’un trait de plume des décennies de tradition républicaine où l’État prenait en charge ces dépenses sans limitation temporelle.
Seuls échappent temporairement à cette mesure les anciens Premiers ministres encore dans la fenêtre des dix ans, mais leur tour viendra mécaniquement avec l’écoulement du temps.
Protection Policière Sous Surveillance : Un Renforcement Sécuritaire Paradoxal
Au-delà des véhicules et chauffeurs, c’est tout l’arsenal sécuritaire des anciens locataires de Matignon qui bascule sous le régime de l’économie budgétaire. Lundi dernier, Sébastien Lecornu a discrètement transmis une instruction à la Direction générale de la police nationale (DGPN) pour revoir intégralement la protection policière dont bénéficient ses prédécesseurs.
Cette réforme sécuritaire introduit un paradoxe saisissant : alors que les menaces contre les responsables politiques n’ont jamais été aussi prégnantes, l’État resserre l’étau temporel de sa protection. Les anciens Premiers ministres ne pourront plus bénéficier de cette couverture policière que pendant trois ans à compter de la fin de leurs fonctions, avec possibilité de renouvellement uniquement « après une évaluation de sécurité ».
Cette disposition, qui entrera elle aussi en vigueur le 1er janvier 2026, marque une rupture majeure avec la tradition républicaine. Fini le bouclier policier automatique et permanent : désormais, chaque renouvellement devra être justifié par une analyse des risques réels pesant sur l’ancien dirigeant.
L’instruction de Lecornu interroge sur l’équilibre entre rationalisation budgétaire et impératifs sécuritaires, particulièrement dans un contexte où l’exposition médiatique des anciens Premiers ministres reste souvent élevée bien au-delà de leurs trois premières années post-Matignon.
Entre Réforme Et Continuité : Ce Qui Change Vraiment À Matignon
Cette révision sécuritaire s’inscrit dans une refonte plus large qui démantèle méthodiquement l’héritage du décret Edouard Philippe du 20 septembre 2019. Ce texte fondateur accordait aux anciens locataires de Matignon un accès illimité aux « véhicules de fonction et conducteur automobile », une disposition qui vient d’être définitivement abrogée après sept années d’application.
Pourtant, la réforme de Lecornu révèle ses propres limites dans un jeu subtil d’exemptions et de maintiens. Les anciens Premiers ministres exerçant un mandat parlementaire, une fonction d’élu local ou occupant une fonction publique conservent de facto leur véhicule de service, vidant partiellement la mesure de sa portée. Manuel Valls, député européen, ou François Fillon, toujours actif dans le secteur privé, pourraient ainsi échapper aux nouvelles restrictions.
Plus révélateur encore : le secrétariat particulier demeure intouché par cette vague réformatrice. Cet avantage, déjà encadré par Philippe à dix ans maximum ou jusqu’à soixante-sept ans, confirme que certains privilèges survivent aux grandes déclarations d’austérité.
Cette réforme à géométrie variable dessine les contours d’une nouvelle République des privilèges, où les économies budgétaires côtoient les arrangements pratiques. Entre symbolique politique et réalité administrative, Matignon redéfinit les codes de l’après-pouvoir sans rompre totalement avec ses traditions.










