📌 Street View le photographie nu chez lui : Google condamné à verser 11.000 euros à ce père de famille argentin

Posted 25 juillet 2025 by: Admin
Image d’illustration © TopTenPlay
L’Affaire Qui Embarrasse Google : Quand Street View Viole L’Intimité
Dans sa cour privée de Bragado, petite ville argentine située à 210 kilomètres de Buenos Aires, un policier vaque tranquillement à ses occupations en 2017. Persuadé d’être à l’abri des regards indiscrets derrière le mur de sa propriété, l’homme ignore qu’une caméra Google Street View immortalise sa nudité à son insu. Cette photo, captée par le service de cartographie du géant américain, va rapidement se transformer en cauchemar personnel.
L’image se propage comme une traînée de poudre. D’abord diffusée dans un journal télévisé local, elle envahit ensuite les réseaux sociaux avec une viralité dévastatrice. Bien que le visage du policier reste invisible – l’homme apparaissant de dos –, l’identification précise de son domicile le rend facilement reconnaissable aux yeux de ses concitoyens. Dans cette petite communauté où tout le monde se connaît, l’anonymat devient impossible.
Les conséquences ne tardent pas à se manifester. Voisins et collègues transforment cette exposition forcée en source de moqueries persistantes. L’agent des forces de l’ordre, initialement victime d’une intrusion technologique, se retrouve paradoxalement pointé du doigt comme responsable de sa propre humiliation. Cette situation soulève une question fondamentale : jusqu’où les géants technologiques peuvent-ils s’immiscer dans notre intimité, même involontairement ?
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La Défense Contestable De Google Face À La Justice
Face à cette polémique embarrassante, Google déploie une stratégie juridique pour le moins surprenante. L’entreprise californienne rejette catégoriquement sa responsabilité, pointant du doigt les choix architecturaux de la victime. Selon ses avocats, le mur entourant la propriété s’avère « trop bas » pour garantir une protection efficace contre les intrusions visuelles. Plus provocant encore, le géant technologique accuse directement le policier de ne pas avoir « préservé son intimité ».
Cette ligne de défense révèle une philosophie troublante : Google transpose la responsabilité de la protection de la vie privée sur les citoyens eux-mêmes. Implicitement, l’entreprise suggère que chacun devrait adapter son domicile aux capacités de surveillance de ses technologies, plutôt que l’inverse.
En première instance, cette argumentation trouve un écho favorable auprès du juge saisi de l’affaire. La décision, rendue l’année dernière, donne raison au géant américain dans des termes particulièrement sévères envers la victime. Le magistrat estime que l’homme était responsable de la situation, considérant qu’il « se promenait dans des conditions inappropriées dans le jardin de sa maison ».
Ce premier jugement consacre un précédent inquiétant : les citoyens devraient-ils désormais adapter leur comportement intime aux exigences de la surveillance numérique ? Cette victoire initiale de Google masque cependant une bataille juridique loin d’être terminée.
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Le Revirement Judiciaire Qui Fait Jurisprudence
Cette bataille juridique connaît pourtant un retournement spectaculaire en appel. La Chambre nationale d’appels au civil de Buenos Aires inflige un désaveu cinglant aux arguments initiaux de Google, redéfinissant les contours de la protection de la vie privée à l’ère numérique.
Les magistrats d’appel adoptent une approche radicalement différente de leurs confrères de première instance. Ils valident explicitement la hauteur du mur de 2 mètres comme une protection suffisante pour garantir l’intimité du domicile. Plus fondamentalement, ils reconnaissent que l’entreprise américaine a commis une véritable intrusion dans la sphère privée du plaignant.
Cette décision marque un tournant conceptuel majeur. Là où le premier juge pointait la responsabilité individuelle, la cour d’appel établit fermement celle de Google, considérant que l’entreprise a porté atteinte à la dignité humaine de la victime. Le jugement adopte même une formulation saisissante pour justifier cette position : « Personne ne veut apparaître aux yeux du monde tel que Dieu l’a fait naître ».
Cette phrase résonne comme une leçon d’humanité adressée aux géants technologiques. Elle réaffirme un principe fondamental : la dignité humaine ne saurait être subordonnée aux impératifs commerciaux ou techniques des entreprises de surveillance numérique.
Le revirement judiciaire ouvre désormais la voie à une indemnisation que Google n’avait pas anticipée.
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Une Indemnisation Record Qui Redéfinit Les Limites
La décision de la Chambre nationale d’appels au civil de Buenos Aires va au-delà des simples considérations juridiques. Elle frappe Google Argentina et Google Inc. au portefeuille, avec une condamnation à verser 16 millions de pesos argentins, soit près de 11.000 euros, au titre de réparations pour atteinte à la dignité.
Ce montant constitue un précédent financier significatif dans le domaine de la protection des données personnelles en Amérique latine. Il envoie un signal clair aux géants technologiques : la violation de l’intimité numérique peut désormais coûter cher, même lorsqu’elle résulte d’une collecte automatisée de données.
La cour adopte par ailleurs une approche nuancée concernant les médias co-accusés. L’entreprise de télécoms Cablevision SA et le site d’information El Censor, initialement poursuivis pour la diffusion de l’image, sont totalement acquittés. Les magistrats estiment que leurs actions ont en réalité contribué à mettre en évidence l’erreur originelle de Google, transformant ces diffuseurs en révélateurs involontaires d’un dysfonctionnement technologique.
Cette distinction juridique établit une hiérarchie claire des responsabilités : le collecteur initial des données porte la responsabilité principale, tandis que ceux qui exposent publiquement ses erreurs participent paradoxalement à la protection des droits individuels.
L’indemnisation record dessine ainsi les contours d’une nouvelle ère où la surveillance numérique ne peut plus s’exercer impunément.