📌 Thermostats connectés obligatoires en 2027 : pourquoi ils vous les offrent gratuitement (ce que vous devez savoir)

Posted 7 décembre 2025 by: Admin
L’Obligation Méconnue Qui Arrive En 2027
D’ici 2027, tous les logements et bâtiments tertiaires de France devront être équipés d’un thermostat programmable. Cette obligation légale, pourtant imminente, reste largement ignorée du grand public. L’objectif affiché par le ministère de la Transition énergétique est clair : réduire les consommations d’énergie en évitant de faire tourner les radiateurs inutilement. « Vos consommations en énergie sont ainsi plus proches de vos besoins réels », assure le ministère.
Si de nombreux foyers disposent déjà de consoles permettant de programmer leur chauffage depuis un boîtier ou un smartphone, une part significative des Français devra s’équiper dans à peine plus d’un an. Pour accompagner cette transition, l’État avait lancé un dispositif d’aides financières le 1er décembre 2023. Moins d’un an plus tard, le programme était brutalement supprimé, victime d’arnaques massives qui ont sapé sa crédibilité.
Cette interruption a provoqué l’effondrement du marché traditionnel des thermostats. Mais elle a paradoxalement ouvert la voie à des solutions alternatives : plusieurs acteurs proposent désormais installation et matériel gratuitement, sans que l’usager ne débourse le moindre euro. Des thermostats connectés sans frais, vraiment ? La réponse est oui, mais le modèle économique qui se cache derrière mérite d’être décrypté.
Les Acteurs Du Gratuit Et Leur Modèle Économique
Derrière cette gratuité se cachent deux acteurs majeurs : Voltalis, leader français créé en 2006 avec plus d’1,5 million de radiateurs équipés, et Tiko, filiale d’Engie bénéficiant d’un partenariat stratégique avec Leroy Merlin. Ces sociétés peuvent couper votre chauffage à distance, une capacité qui constitue le cœur de leur modèle économique.
« Tout ce qui est gratuit est suspect donc on est habitués à la question », reconnaît Mathieu Bineau, PDG de Voltalis. Son explication est limpide : « Le système électrique a besoin d’équilibrer la consommation avec la production. Il va nous payer pour notre capacité à réaliser des économies d’énergie au lieu de payer le producteur d’électricité. » Ce mécanisme porte un nom : l’effacement diffus.
Concrètement, ces entreprises perçoivent des aides publiques versées par RTE pour réduire la tension sur le réseau électrique aux moments critiques. Plus la demande est forte, plus l’énergie coûte cher. En atténuant ces pics, elles contribuent à faire baisser les prix et sont rémunérées en retour. Elles peuvent également revendre l’énergie économisée sur le marché privé. « On ne sait pas vraiment combien ils gagnent avec cela », admet Estelle Bossard, directrice adjointe des marchés chez RTE. Les montants exacts de ces revenus restent opaques, mais l’État préfère privilégier l’effacement plutôt qu’une hausse de production. Selon RTE, ce sont surtout les fournisseurs d’électricité qui compensent financièrement ces variations tarifaires.
Fonctionnement Technique Et Contrôle À Distance
Une fois l’offre choisie, un technicien intervient à domicile pour installer un boîtier sur chaque radiateur et ballon d’eau chaude. Quinze minutes suffisent par appareil pour le rendre pilotable individuellement. L’application gratuite qui accompagne le dispositif se révèle remarquablement intuitive : choix de température, programmation horaire, planification hebdomadaire et surtout suivi précis de la consommation de chaque équipement. Un outil redoutable pour identifier les radiateurs trop gourmands.
Mais voici la contrepartie : ces opérateurs peuvent effectivement couper votre chauffage à distance. L’objectif affiché ? Soulager le réseau lors des tensions. Ces coupures durent de quelques secondes à dix minutes maximum. « Avec l’inertie, la température ne change que de 0,1 degré maximum. L’usager ne se rend compte de rien », assure Mathieu Bineau. La fréquence quotidienne de ces interventions reste toutefois non communiquée, même si les données sont anonymisées pour préserver la vie privée.
Les chiffres de RTE apportent une perspective : l’effacement diffus des particuliers ne représente que 10% de l’effacement total. Les 90% restants proviennent des industriels. Un constat qui relativise l’impact réel de ces coupures domestiques sur l’équilibre du réseau électrique français, mais soulève des questions sur l’ampleur future du dispositif face à l’obligation généralisée de 2027.
Économies Réelles Et Financement Par Les Consommateurs
Derrière les promesses d’équilibre réseau, une question demeure : ces thermostats font-ils vraiment économiser de l’argent ? L’Ademe avance un chiffre alléchant : jusqu’à 15% de réduction sur la facture de chauffage. Mais Boris Cassel, journaliste à l’UFC Que Choisir, tempère immédiatement : « L’efficacité énergétique est très difficile à évaluer. Le chiffre de 15% repose sur une étude qui portait sur un très faible nombre de logements. Il faut le prendre avec des pincettes ».
En réalité, l’impact dépend entièrement de votre situation initiale. Si vous disposiez déjà d’un programmateur basique, les gains seront marginaux. L’appareil permet surtout un pilotage plus fin, notamment à distance pour ajuster le chauffage lors d’absences imprévues. « L’enjeu sera de renvoyer cette valeur vers le consommateur final », estime Estelle Bossard de RTE, évoquant une éventuelle rétribution des efforts consentis.
Mais voici le paradoxe : vous financez indirectement ces dispositifs gratuits. Une partie des rétributions accordées aux opérateurs provient de la CSPE, cette contribution au service public de l’électricité prélevée sur toutes les consommations. Elle représente un quart du coût de l’électricité. Réduite pendant la crise énergétique, elle a été rehaussée en janvier 2024, provoquant une hausse d’environ 10% des factures. Un système où les consommateurs paient collectivement pour équiper gratuitement certains d’entre eux.










