📌 TVA : la France perd 5 milliards d’euros à cause de Shein et Temu, qui préparent déjà une parade à la taxe de 2 euros

Posted 23 décembre 2025 by: Admin
La Crise Des Recettes Fiscales: Un Trou De 5 Milliards D’Euros Dans Les Caisses De L’État
Bercy vient de confirmer l’ampleur du manque à gagner: entre 4 et 5 milliards d’euros de recettes de TVA s’évaporent par rapport aux prévisions du budget 2025. Un chiffre vertigineux qui révèle une fracture grandissante entre l’activité économique réelle du pays et les rentrées fiscales dans les caisses publiques. Ce phénomène n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, les services de Bercy constatent ce décrochage préoccupant, déjà pointé en 2024 par Bruno Le Maire lorsqu’il évoquait le dérapage budgétaire français.
Roland Lescure, actuel ministre de l’Économie, a confirmé ce mardi matin sur BFMTV-RMC l’exactitude de ces chiffres tout en tentant d’en relativiser la portée. « On est maximum autour de 4 à 5 milliards, c’est 2% des recettes globales de TVA », précise-t-il. L’impact se répartit équitablement: la moitié pénalise directement l’État, tandis que l’autre moitié affecte les collectivités locales et la sécurité sociale.
Le ministre s’efforce néanmoins de rassurer sur l’équilibre global des finances publiques. « Nous avons un peu moins de recettes de TVA que prévu, un peu plus d’impôt sur les sociétés que prévu, et au total nous sommes en ligne avec un déficit à 5,4% », indique-t-il. Cette compensation inattendue via l’impôt sur les sociétés permettrait d’éviter les mauvaises surprises des années 2023 et 2024. Reste à identifier les causes profondes de cette hémorragie fiscale qui persiste malgré une croissance économique légèrement meilleure qu’anticipé.
Le Fléau Des « Petits Colis »: Shein Et Temu Dans Le Viseur Du Gouvernement
Cette érosion fiscale trouve sa source dans un phénomène commercial massif: l’explosion des achats en ligne sur les plateformes chinoises Shein et Temu. Pour Roland Lescure, ces « petits colis » venus de Chine constituent la cause principale du manque à gagner. Les chiffres donnent le vertige: 4 milliards de colis déferlent quotidiennement sur le territoire européen, dont 2 milliards affichent une valeur inférieure à 2,30 euros.
Ces volumes colossaux traduisent une mutation profonde des comportements d’achat. Les consommateurs français se détournent massivement du commerce traditionnel au profit de ces géants du fast fashion et du discount extrême, créant une distorsion fiscale majeure. Ces transactions échappent largement à la TVA, privant l’État de milliards d’euros de recettes tout en asphyxiant les commerces de proximité.
« C’est pour ça qu’il faut de l’équité fiscale entre ce qui arrive du bout du monde par des petits colis et ce qu’on va acheter au coin de la rue », martèle le ministre de l’Économie. Cette formule résume l’enjeu: rétablir les règles du jeu face à des acteurs qui opèrent depuis l’étranger en contournant les obligations fiscales françaises. La bataille pour taxer ces flux commerciaux s’annonce décisive pour l’avenir des finances publiques et la survie du commerce local.
L’Arme De Dissuasion Massive: Une Taxe De 2 Euros Par Article
Face à cette hémorragie fiscale, Bercy brandit une riposte tarifaire qu’il qualifie sans ambages d’« arme de dissuasion massive ». Le dispositif prévoit 2 euros supplémentaires par catégorie d’articles, s’ajoutant à la taxe de 5 euros déjà votée par le Sénat. Concrètement, un colis contenant deux chaussettes et un t-shirt passerait de 5 à 7 euros de frais à la charge du consommateur.
« On appliquera 2 euros supplémentaires par catégorie d’articles », précise Roland Lescure, dévoilant une stratégie ciblée pour renchérir le coût final des achats sur Shein et Temu. L’objectif affiché: restaurer la compétitivité des commerces français en gommant l’avantage prix dont bénéficient actuellement ces plateformes chinoises. Cette surtaxe vise à modifier les arbitrages d’achat des consommateurs en rendant ces ultra-promotions nettement moins attractives.
L’adoption de cette mesure reste toutefois suspendue au vote du budget global. Sans ce feu vert parlementaire, l’arme fiscale demeurera au placard. Mais les géants chinois n’ont pas attendu pour préparer leur parade, esquissant déjà des stratégies de contournement qui menacent l’efficacité même du dispositif français.
La Contre-Offensive De Shein: Un Entrepôt Géant En Pologne Pour Contourner La Taxe
La parade ne s’est pas fait attendre. Shein a annoncé l’implantation d’un entrepôt colossal de 740.000 mètres carrés en Pologne, une manœuvre logistique destinée à neutraliser la surtaxe française. Le stratagème est simple: réceptionner les produits chinois sur le sol européen, puis les distribuer comme des marchandises intra-communautaires. Impossible, dès lors, d’appliquer une taxe nationale sur des colis expédiés depuis un État membre de l’Union.
Cette installation transforme la bataille fiscale franco-chinoise en partie d’échecs continentale. Roland Lescure minimise toutefois la portée de cette installation, doutant que le site polonais puisse absorber les « 4 milliards de colis qui arrivent tous les jours en Europe », dont 2 milliards affichent une valeur inférieure à 2,30 euros. Le volume paraît, en effet, difficilement gérable par une seule infrastructure.
Bercy mise désormais sur la riposte européenne: une taxe de 3 euros par catégorie d’article, applicable dès le 1er juillet 2026 à l’échelle du continent. Cette harmonisation fiscale vise à colmater les failles que les géants du e-commerce chinois exploitent actuellement. D’ici là, le trou de 5 milliards risque de s’élargir, et les commerçants français de continuer à subir une concurrence déloyale qu’aucune frontière nationale ne parvient encore à endiguer.










