📌 « Vacances d’automne » et « fin d’année » : la proposition qui divise les syndicats enseignants

Posted 4 octobre 2025 by: Admin
La Proposition De Renommage Qui Divise L’École Française
Une controverse inattendue secoue le monde éducatif français. Le 1er octobre, lors d’une réunion du Conseil supérieur de l’éducation, le FSU-SNUipp a déposé un amendement qui pourrait transformer radicalement notre rapport aux traditions scolaires. Fini les « vacances de la Toussaint » et les « vacances de Noël » : le principal syndicat du primaire souhaite les rebaptiser respectivement « vacances d’automne » et « vacances de fin d’année ».
Cette proposition, qui concerne le calendrier scolaire 2026-2027, s’inscrit dans une démarche de modernisation assumée. « C’est un amendement qui est en adéquation avec ce que nous portons, avec nos mandats, à savoir des mandats de laïcité, des mandats d’uniformisation », précise Aurélie Gagnier, porte-parole de la FSU-SNUipp. L’argument avancé est pragmatique : « L’automne parle à tout le monde, la Toussaint à beaucoup moins de monde maintenant ».
Le syndicat rappelle d’ailleurs un précédent : les vacances de Pâques ont déjà été transformées en « vacances de printemps ». Cette évolution progressive du vocabulaire scolaire reflète une volonté d’adapter l’institution aux évolutions sociétales contemporaines.
Mais cette proposition technique a immédiatement embrasé le débat public, révélant des fractures profondes sur la place des références religieuses dans l’espace scolaire républicain.
Deux Visions Opposées De La Laïcité Scolaire
Cette fracture révélée par la proposition syndicale dessine deux camps aux arguments irréconciliables. D’un côté, la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, apporte son soutien à cette modernisation. Grégory Ensel, vice-président de l’organisation, y voit un « symbole » nécessaire, même s’il reconnaît que ce n’est « pas une priorité ». « On a régulièrement des messages de personnes qui s’étonnent effectivement des nominations du calendrier scolaire et qui nous demandent d’intervenir pour qu’on soit dans un respect strict de la laïcité », explique-t-il.
À l’opposé, l’UNI mobilise ses forces contre ce qu’elle considère comme une dérive dangereuse. Baptiste Gilli, délégué national du syndicat étudiant, dénonce une « attaque profonde aux racines chrétiennes » de la France et lance une pétition pour maintenir les appellations traditionnelles. Sa vision est sans ambiguïté : « Une jeunesse saine et armée intellectuellement et moralement » doit « s’appuyer sur son histoire, ses racines et ses valeurs ».
Cette opposition frontale cristallise un débat plus large sur l’identité française. Pour l’UNI, il s’agit d’une « fausse bonne idée qui consisterait à dire que sous couvert de laïcité, on peut effacer notre histoire ». La bataille des mots révèle ainsi une guerre des mémoires qui dépasse largement les simples considérations pédagogiques.
Le Gouvernement Tranche Et Rejette La Mesure
Face à cette bataille idéologique qui enflamme les réseaux sociaux, l’exécutif a rapidement coupé court au débat. Le ministère de l’Éducation nationale a catégoriquement rejeté l’amendement du FSU-SNUipp, malgré l’avis favorable obtenu en commission. « Il ne s’agit pas d’une question étudiée », a déclaré un porte-parole ministériel au Figaro vendredi matin, balayant d’un revers de main cette proposition qui divise l’opinion.
Cette décision gouvernementale révèle une volonté claire d’éviter toute polémique supplémentaire sur les questions de laïcité. Le timing politique explique en partie cette fermeté : alors que l’exécutif navigue déjà en eaux troubles sur de nombreux dossiers, relancer un débat sur l’identité française représentait un risque inutile.
Dans son communiqué officiel, le ministère précise que l’amendement « n’a pas été retenu », tout en rappelant fermement aux membres du Conseil supérieur de l’éducation qu’ils « sont soumis à un devoir de discrétion quant aux documents préparatoires, à la nature des débats et aux délibérations ». Cette mise en garde inhabituelle trahit l’agacement gouvernemental face à une fuite qui a transformé une discussion technique en bataille médiatique.
Le message est sans équivoque : les « vacances de la Toussaint » et les « vacances de Noël » conserveront leurs appellations traditionnelles.
Les Vraies Priorités De L’École Selon Les Syndicats
Mais cette polémique médiatique masque-t-elle l’essentiel ? La FSU-SNUipp dénonce désormais une « instrumentalisation lamentable » de leur proposition, rappelant que cette question ne représentait qu’un point parmi dix-huit à l’ordre du jour de cette réunion du Conseil supérieur de l’éducation. Aurélie Gagnier, porte-parole du syndicat, exprime son amertume auprès de l’AFP : « L’école a d’autres problèmes ».
Cette frustration révèle un décalage saisissant entre les débats qui captent l’attention publique et les enjeux concrets du système éducatif. Pendant que les réseaux sociaux s’enflamment sur l’appellation des congés scolaires, les questions budgétaires urgentes passent au second plan. La rentrée 2024 a pourtant été marquée par des suppressions de postes et des fermetures de classes dans de nombreux territoires.
« Le buzz devrait être sur le budget et la nécessité de remettre l’école au cœur des priorités », insiste la représentante syndicale. Cette saillie souligne une réalité préoccupante : les polémiques symboliques occultent systématiquement les défis structurels de l’Éducation nationale. Manque de moyens, conditions de travail dégradées, inégalités territoriales croissantes… autant de sujets qui mériteraient l’attention médiatique mobilisée par cette controverse sur les vacances.
L’épisode illustre parfaitement comment le débat public français privilégie souvent l’émotionnel au détriment du pragmatique.