📌 « Vous croyez qu’on est des taxis ? » : les derniers mots du SAMU à Sylvia avant sa mort

Posted 22 octobre 2025 by: Admin
Un Féminicide Annoncé : La Mort De Sylvia Iannello
« Elle a été tuée trois fois : par son compagnon, par les pompiers et par le SAMU ». Ces mots lourds de colère et de désespoir résonnent dans la voix de Pierre Iannello, père de Sylvia, quadragénaire de 43 ans retrouvée morte dans son appartement de Martigues le 3 août 2025. Un drame qui s’inscrit dans la tragique statistique des féminicides français : le 53e de l’année.
Mère de deux filles de 23 et 14 ans, Sylvia avait rencontré son compagnon « il y a environ un an et demi ». Une relation marquée dès le début par des signaux alarmants que son entourage proche avait perçus. « Deux ou trois fois, ma fille m’avait appelé en pleine nuit pour me dire qu’il ne voulait pas partir de chez elle », témoigne Pierre Iannello, qui lui conseillait déjà de rompre.
L’intuition paternelle se confirme lors d’un dîner début juillet 2025. « D’entrée de jeu, je l’ai trouvé bizarre. Il buvait beaucoup », se souvient-il. Quelques jours plus tard, une sortie familiale au lac de Mallemort tourne au cauchemar. Un simple oubli de maillots de bain déclenche la violence verbale du compagnon envers Sylvia. « Il est monté sur ses grands chevaux, a insulté ma fille », raconte Pierre, qui lance alors cette mise en garde prémonitoire : « Lui, il va te faire du mal ».
Ces mots résonnent aujourd’hui comme une prophétie tragique, trois mois après que Sylvia ait succombé à une hémorragie interne causée par l’éclatement de sa rate.
L’Agonie Ignorée : Neuf Appels De Détresse Sans Réponse
Cette hémorragie fatale prend naissance dans la nuit du 2 août 2025, après une journée à la plage qui dégénère en cauchemar. Alcoolisés, Sylvia et son compagnon se disputent violemment. L’homme lui assène des coups de pied dans le ventre avant de quitter l’appartement, laissant sa victime agonisante.
Premier réflexe salvateur : Sylvia contacte les pompiers, expliquant avoir reçu des coups dans le ventre. Les secours interviennent mais repartent après qu’elle ait décliné leur prise en charge, assurant qu’elle consulterait un médecin le lendemain. « Son refus initial aurait dû être entendu comme un appel à être respectée dans sa dignité », souligne son avocat Me Julien Plouton.
Mais l’état de Sylvia s’aggrave rapidement. Les douleurs abdominales s’intensifient. Commence alors une course contre la mort : neuf appels de détresse passés cette nuit-là, neuf cris d’alarme ignorés par les services d’urgence.
Le plus glaçant intervient lorsqu’elle compose le 15, expliquant au SAMU « être en train de s’uriner dessus » – symptôme révélateur d’une hémorragie interne massive. « Je vais mourir », supplie-t-elle au bout du fil. La réponse du médecin régulateur glace le sang : elle doit « surtout consulter un psychologue ».
Aucune équipe ne se déplacera à nouveau. Son compagnon, lui aussi rappelé, ne décroche pas.
« Disqualification De Sa Parole » : Un Patriarcat Dénoncé
Cette tragédie révèle désormais ses véritables responsables. Le parquet d’Aix-en-Provence confirme l’ouverture d’une enquête pour « non-assistance à personne en danger » visant les services de secours. Une procédure qui interroge frontalement les défaillances systémiques ayant causé cette mort évitable.
« Lui reprocher d’avoir un ‘problème psychiatrique’ alors qu’elle décrivait l’agonie et la sensation de mort imminente est profondément choquant », dénonce Me Julien Plouton, avocat de la famille. Pour le juriste, cette réaction des secours illustre « un patriarcat bien tenace, où la parole des femmes reste suspecte ».
Pierre Iannello, le père endeuillé, va plus loin dans sa colère : « Les pompiers et le SAMU l’ont prise pour une folle ». Cette « disqualification de sa parole et de sa souffrance », selon l’avocat, révèle comment « leur souffrance est trop souvent invalidée » dans un système encore marqué par des biais sexistes.
Face à cette catastrophe, l’AP-HM reconnaît implicitement ses responsabilités. La direction s’associe à « la peine de la famille » et annonce vouloir « renforcer la formation des répondants à l’identification des appels dans un contexte de violence ». Un engagement tardif qui sonne comme un aveu.
Cette tragédie soulève une question cruciale : combien d’autres Sylvia devront mourir avant que leurs cris de détresse soient enfin entendus ?
Le 53e Féminicide De 2025 : Exigence De Justice Exemplaire
Cette interrogation trouve aujourd’hui sa réponse dans l’exigence de justice portée par Pierre Iannello. Son compagnon, rapidement identifié et interpellé, a été mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et placé en détention provisoire. Mais pour le père endeuillé, cette mise en cause ne suffit pas.
« J’attends des procès exemplaires, sinon, ça ne s’arrêtera jamais », martèle-t-il avec détermination. Sa colère vise tous les responsables de cette tragédie : « Elle a été tuée trois fois : par son compagnon, par les pompiers et par le SAMU ». Une triple accusation qui résonne comme un cri de révolte contre un système défaillant.
Sylvia Iannello rejoint ainsi la macabre statistique des féminicides français. Elle devient le 53e féminicide de 2025, un chiffre qui glace le sang et interroge l’efficacité des dispositifs de protection. « Ma fille est le 53e féminicide de 2025… Ça ne peut plus durer », déplore son père, oscillant entre tristesse et indignation.
Cette tragédie rappelle l’urgence d’une prise de conscience collective. Le numéro national 3919, gratuit et anonyme, reste disponible 24h/24 pour les femmes victimes de violences. Un dispositif vital qui, contrairement aux secours cette nuit-là, ne ferme jamais ses portes à la détresse.