L’Incident : Quand Une Battue Tourne Au Drame Évité

Jeudi dernier à Roquefort, dans le Lot-et-Garonne, une matinée ordinaire d’accueil d’enfants bascule en quelques secondes. Cette assistante maternelle garde trois enfants de moins de trois ans dans sa maison lorsque deux détonations retentissent vers 11 heures. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’une battue aux sangliers se déroule dans le secteur.

« Vers 11 heures, nous avons entendu deux détonations très fortes. Cela nous a fait sursauter », témoigne la professionnelle. Les enfants, terrorisés par le bruit, se réfugient dans ses bras. Puis elle aperçoit un détail troublant : « de la fumée sur le rebord de ma fenêtre ».

L’explication de cette fumée révèle l’ampleur du danger. Deux balles de chasse viennent de percuter la propriété. L’une d’elles traverse la salle de jeux où évoluent habituellement les tout-petits, tandis que la seconde atterrit dans le jardin. Un timing miraculeux évite la tragédie : les enfants se trouvaient ailleurs dans la maison au moment de l’impact.

Pourtant, les signaux d’alerte étaient présents. « En début de journée, l’une des mamans nous avait fait remarquer qu’on voyait des chasseurs partout dans les environs », relate Alexandre, le mari de l’assistante maternelle. Mais aucune information officielle n’avait été transmise aux riverains concernant cette battue.

Le Réflexe Salvateur De L’Assistante Maternelle

Face à cette situation imprévisible, l’assistante maternelle fait preuve d’un instinct protecteur remarquable. Sans savoir précisément ce qui se déroule à l’extérieur, elle prend une décision qui s’avèrera cruciale : déplacer les trois enfants vers le dortoir.

Ce réflexe professionnel transforme un incident potentiellement dramatique en simple frayeur. Lorsque les détonations retentissent, les tout-petits se trouvent ainsi à l’abri, loin de la salle de jeux qui sera traversée par l’une des balles. « Les enfants ont eu peur, ils sont restés un moment dans mes bras », confie-t-elle, décrivant ces instants où son rôle protecteur prend tout son sens.

La suite des événements confirme la justesse de son intuition. L’observation de cette fumée sur le rebord de fenêtre révèle l’ampleur du danger qui vient de frôler sa maison. Malgré le choc, elle garde son sang-froid et rassure les enfants effrayés par les détonations.

« Puis nous avons repris nos activités. Sans être vraiment rassurés », précise-t-elle avec une sincérité qui témoigne de la tension persistante. Cette capacité à maintenir un semblant de normalité pour préserver le bien-être des enfants illustre le professionnalisme de cette assistante maternelle face à l’imprévu.

Pourtant, cet incident soulève des questions sur l’organisation même de cette battue aux sangliers.

Défaillance Dans L’Organisation De La Battue

Cette interrogation révèle rapidement une faille majeure dans les protocoles de sécurité. Malgré l’ampleur de l’opération cynégétique menée ce jeudi dans le secteur de Roquefort, aucune information n’avait été transmise aux riverains concernés.

« En début de journée, l’une des mamans nous avait fait remarquer qu’on voyait des chasseurs partout dans les environs… Mais nous n’avions pas été prévenus », révèle Alexandre, le mari de l’assistante maternelle, dans ses déclarations à Sud Ouest. Cette observation fortuite d’une mère déposant son enfant constitue le seul signal d’alerte reçu par la famille.

L’absence de communication officielle contraste avec la visibilité de l’activité sur le terrain. Les chasseurs étaient pourtant « partout dans les environs », selon le témoignage recueilli, rendant leur présence évidente pour quiconque circulait dans la zone. Cette situation paradoxale interroge sur les mécanismes d’information des populations locales lors de telles opérations.

La battue aux sangliers, organisée dans les règles administratives, n’avait donc pas prévu d’alerter spécifiquement les habitants du secteur. Les propriétaires de la maison, comme leurs voisins, découvraient l’activité cynégétique au moment même où elle se déroulait sous leurs fenêtres.

Cette lacune dans l’organisation soulève désormais des questions sur les responsabilités engagées dans cet incident qui aurait pu tourner au drame.

Enquête Et Responsabilités En Cours

Ces interrogations ont rapidement pris une dimension judiciaire. Les gendarmes, alertés dans la foulée de l’incident, ont procédé aux premières constatations sur les lieux. Une plainte officielle a été déposée par la famille, déclenchant l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances exactes de ces tirs qui ont failli virer au tragique.

L’investigation se concentre désormais sur la trajectoire des projectiles et les conditions de leur impact. Laurent Vicini, président de la Fédération de chasse de Lot-et-Garonne, apporte un éclairage technique crucial : « Le tir a aussi pu être dévié ou a peut-être ricoché », explique-t-il aux médias. Cette hypothèse soulève des questions sur les angles de tir adoptés lors de cette battue et sur le respect des zones de sécurité.

L’enquête devra établir si les chasseurs ont respecté les règles fondamentales de sécurité, notamment concernant les directions de tir autorisées près des habitations. Les experts balistiques analyseront la trajectoire des deux balles retrouvées – l’une dans la salle de jeux, l’autre dans le jardin – pour reconstituer précisément les conditions de l’incident.

Au-delà des aspects techniques, cette affaire interroge plus largement sur l’encadrement des activités cynégétiques en zone habitée. Les conclusions de l’enquête détermineront les responsabilités individuelles et collectives dans cet incident qui restera longtemps gravé dans la mémoire des protagonistes.