📌 Georgette Lemaire, interprète du tube « Vous étiez belle madame », s’est éteinte à 82 ans

Posted 23 décembre 2025 by: Admin
L’Adieu À Une Icône De La Chanson Populaire Française
Le monde de la chanson française a perdu l’une de ses voix emblématiques. Georgette Lemaire est décédée dimanche 21 décembre 2025 à l’âge de 82 ans à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. L’annonce a été faite ce lundi 22 décembre par son fils Antoine Blanc-Sellers auprès de l’AFP.
Figure incontournable des années 1960, la chanteuse a marqué toute une génération avec son tube intemporel Vous étiez belle madame, signé Pascal Sevran et Jean-Jacques Debout. Ce titre reste aujourd’hui son plus grand succès commercial et témoigne de l’empreinte qu’elle a laissée dans le paysage musical français.
Née Georgette Kibleur, l’artiste incarnait cette chanson populaire française authentique, celle qui savait toucher le cœur du public par la justesse de son interprétation et la sincérité de son répertoire. Son parcours, jalonné de succès discographiques et de collaborations prestigieuses, témoigne d’une carrière riche et d’un talent reconnu par ses pairs.
La disparition de Georgette Lemaire ferme un chapitre de l’histoire de la chanson française, celle d’une époque où les voix du répertoire réaliste résonnaient encore dans les cafés-concerts et où les artistes se construisaient au fil de scènes modestes avant d’accéder à la reconnaissance nationale.
Des Débuts Prometteurs Aux Puces De Saint-Ouen
Avant de conquérir le public français, Georgette Kibleur a forgé son talent dans un lieu improbable : Chez Louisette, un café-concert des puces de Saint-Ouen. C’est là, au cœur de ce temple de la chanson populaire, qu’elle a aiguisé sa voix en interprétant les grands classiques du répertoire réaliste.
Padam Padam, Le Dénicheur ou encore La Montagne de Jean Ferrat résonnaient soir après soir dans ce lieu mythique où se construisaient les carrières. La jeune artiste, passionnée de musique depuis l’enfance, y apprenait l’exigence du direct et le contact avec un public exigeant.
En 1965, alors âgée de 22 ans, sa mère Léone lui suggère de tenter sa chance à l’émission Le Jeu de la chance de Raymond Marcillac. Georgette Lemaire y participera trois fois, suffisamment pour convaincre les professionnels de son potentiel. Cette persévérance paie : la maison de disques Philips lui propose un contrat, ouvrant les portes d’une carrière professionnelle.
Ce tremplin télévisuel marque le début d’une ascension fulgurante. La chanteuse des puces de Saint-Ouen s’apprête à enregistrer ses premiers succès et à collaborer avec les plus grands noms de la chanson française.
L’Ascension Fulgurante Et Les Succès Discographiques
La signature avec Philips propulse Georgette Lemaire au sommet de la chanson française. Dès le milieu des années 1960, elle enchaîne les succès avec Charles Dumont, compositeur attitré d’Édith Piaf, qui lui offre À faire l’amour sans amour, Le Cœur désaccordé, Éblouis par notre amour et Je ne sais pas.
Le véritable décollage intervient avec Et si c’était vrai, vendu à plus de 150 000 exemplaires en France. Ce triomphe commercial lui ouvre les portes de Bobino, où elle se produit en première partie de Georges Brassens, consécration ultime pour une artiste issue des puces de Saint-Ouen. Son premier album Mon premier 33 tours confirme son statut.
Mais c’est Vous étiez belle madame, signé Pascal Sevran et Jean-Jacques Debout, qui devient son hymne indémodable. Ce titre reste à ce jour son plus grand succès, ancrant définitivement son nom dans la mémoire collective française.
Les années 1970 couronnent cette trajectoire fulgurante : grand prix de la chanson populaire française, invitée d’honneur du spectacle de Julio Iglesias à l’Olympia, contributions aux bandes originales du Professeur et de L’Amour en question. Elle enrichira sa discographie de cinq autres albums, dont Paris Jazz, recueil de reprises rendant hommage à la Ville Lumière.
Pourtant, derrière ces triomphes artistiques, des zones d’ombre commençaient à se dessiner.
Une Fin De Vie Marquée Par Les Épreuves
Le succès ne protège pas toujours des tourments matériels. Malgré ses triomphes discographiques, Georgette Lemaire s’est retrouvée menacée d’expulsion de son logement parisien en raison d’impayés. Une situation précaire qui contraste brutalement avec les années de gloire à Bobino et à l’Olympia.
Pour échapper à cette détresse, elle prend une initiative audacieuse : écrire directement au président François Mitterrand. La démarche aboutit en 1989 à sa nomination au Conseil économique et social au titre des « personnalités qualifiées dans le domaine économique, social, scientifique ou culturel ». Une désignation qui provoque immédiatement la polémique, certains y voyant un geste politique davantage qu’une reconnaissance artistique légitime.
Les dernières années de l’interprète de Vous étiez belle madame sont marquées par des problèmes de santé sérieux. Elle subit une double greffe de la cornée, épreuve physique qui l’affaiblit considérablement. Ces difficultés conduisent à son placement à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne, dans le Val-de-Marne.
C’est dans cette résidence dédiée aux artistes en difficulté qu’elle s’est éteinte paisiblement le 21 décembre 2025, à l’âge de 82 ans, loin des projecteurs qui avaient illuminé sa jeunesse dorée.










