📌 Jean-Pierre Farandou dévoile le montant de référence que devront dépasser les foyers qui travaillent

Posted 1 décembre 2025 by: Admin
L’Allocation Sociale Unique : Un Projet Gouvernemental En Marche
Le gouvernement franchit une étape décisive dans sa refonte du système d’aides sociales. Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail, dévoile dans La Tribune Dimanche les contours d’une réforme ambitieuse : la création d’une allocation sociale unique regroupant le RSA, la prime d’activité et les aides au logement en un seul versement. Le dépôt du projet de loi est programmé pour décembre, comme l’a confirmé mi-novembre le Premier ministre Sébastien Lecornu.
« Ce texte sera présenté en Conseil des ministres prochainement et fait l’objet de concertations avec les acteurs concernés, dont les associations de lutte contre la pauvreté », précise le ministre. L’objectif affiché : instaurer un revenu social de référence par foyer, garantissant davantage d’équité et de lisibilité dans un paysage social réputé complexe.
La promesse gouvernementale repose sur un principe rassurant : « Sans modifier les dispositifs existants ». Une formulation qui suggère une simplification administrative plutôt qu’un bouleversement des droits acquis. Chaque foyer pourra consulter son revenu et le montant de ses aides via une plateforme dédiée, introduisant une transparence inédite dans le système redistributif français.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté de rationalisation administrative, tout en maintenant le filet de sécurité sociale. Les concertations en cours avec les associations témoignent d’une approche concertée, même si les modalités concrètes de calcul du revenu social de référence restent à préciser.
Une Philosophie Assumée : Privilégier Ceux Qui Travaillent
Derrière cette architecture administrative se dessine une orientation politique tranchée. Jean-Pierre Farandou ne dissimule pas l’intention première du gouvernement : « privilégier l’incitation au travail pour sortir de la pauvreté ». Un objectif « assumé même s’il fait débat », reconnaît le ministre.
La formule clé résume cette doctrine : « À composition égale, il faut faire en sorte qu’un foyer qui travaille gagne plus qu’un foyer qui ne vit que d’aides sociales ». Cette hiérarchisation des revenus constitue le principe directeur de la réforme, marquant une rupture avec une logique purement redistributive.
Le gouvernement mise sur la transparence pour justifier cette approche. La plateforme annoncée permettra à chaque bénéficiaire de visualiser précisément « le revenu de son foyer et le montant des aides perçues ». Une clarté censée favoriser la compréhension des écarts de revenus entre actifs et non-actifs, rendant visible la rémunération du travail.
Cette philosophie soulève inévitablement des questions sur l’équilibre entre incitation à l’emploi et protection des plus vulnérables. Si le gouvernement affirme ne pas modifier les dispositifs existants, l’introduction d’un revenu social de référence comme étalon de mesure pourrait redéfinir les critères d’attribution. Reste à déterminer comment cette logique d’incitation se traduira concrètement dans les barèmes et les modalités de calcul.
Les Zones D’Ombre Techniques Du Projet
Cette promesse de transparence se heurte pourtant à un flou technique persistant. Jean-Pierre Farandou n’a fourni aucun détail sur la méthode de calcul du revenu social de référence annoncé. Cette omission interroge : comment ce nouveau référentiel se distinguera-t-il du revenu fiscal de référence déjà utilisé par l’administration fiscale ?
La complexité existe déjà. Depuis le 1er février 2024, les bulletins de paie mentionnent un « montant net social » distinct du « montant net fiscal ». Le premier sert de base pour les aides de la CAF, le second pour l’impôt sur le revenu. Deux montants, deux administrations, deux logiques de calcul. L’ajout d’un troisième référentiel risque paradoxalement de complexifier ce que le gouvernement prétend simplifier.
Les salariés jonglent déjà entre ces deux montants nets. Le montant net social exclut certaines cotisations prises en compte dans le montant net fiscal, créant des écarts parfois significatifs. L’introduction d’un revenu social de référence par foyer ajoute une troisième strate de calcul, sans que le ministre n’explicite son articulation avec les références existantes.
Cette opacité technique contraste avec l’ambition affichée de lisibilité. Si le gouvernement veut convaincre de la cohérence de sa réforme, il devra rapidement lever le voile sur ces mécanismes de calcul. Sans cette clarification, la plateforme promise pourrait afficher des chiffres sans que les allocataires ne comprennent leur origine ni leur impact réel sur leurs droits.
Impact Attendu Et Réserves Parlementaires
Les chiffres avancés par le gouvernement révèlent une ambition mesurée. Selon les scénarii présentés en juillet aux députées de la mission parlementaire, la réforme réduirait le taux de pauvreté de 0,6 à 1,1 point. Un gain limité qui contraste avec l’ampleur du bouleversement annoncé dans l’architecture des aides sociales françaises.
L’analyse parlementaire tempère d’ailleurs les promesses exécutives. Sandrine Runel et Nathalie Colin-Oesterlé, députées en charge du dossier, ont formulé une observation décisive : cette allocation unique constitue « davantage une harmonisation des bases de ressources qu’une création d’allocation unique ». Loin de la fusion annoncée, il s’agirait plutôt d’une évolution des barèmes existants sous un nouveau nom.
Cette nuance technique porte des conséquences concrètes. Les parlementaires ont exprimé une vigilance sans équivoque : au-delà de l’effet macro-économique statistique, aucun ménage précaire ne doit voir son niveau de vie baisser, « qu’il soit en emploi ou non ». Une réserve qui met en lumière le risque d’effets de bord pour certains bénéficiaires actuels.
Le gouvernement devra donc démontrer que sa réforme ne sacrifie pas les situations individuelles sur l’autel des objectifs statistiques. Car entre la baisse théorique du taux de pauvreté et la réalité des fins de mois difficiles, l’écart peut se révéler brutal pour les foyers les plus fragiles.









