📌 « Nous utilisions déjà de la crème anglaise, des fonds de tarte… » : la directrice de L’Entrecôte avoue enfin la vérité sur leur fameux label

Posted 26 octobre 2025 by: Admin
L’Entrecôte Dans Le Viseur De La Justice : Quand La « Tradition » Cache Des Pratiques Douteuses
L’une des enseignes les plus emblématiques de la restauration française vient de subir un revers judiciaire retentissant. Le restaurant L’Entrecôte, institution culinaire connue pour sa fameuse sauce secrète, a été condamné par le tribunal correctionnel de Lyon pour pratiques commerciales trompeuses.
Cette chute spectaculaire trouve son origine dans un contrôle inopiné mené en août 2022 par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Les agents ont alors mis au jour une réalité troublante : l’établissement utilisait de manière abusive la mention « fait maison » sur plusieurs produits de sa carte, trompant ainsi ses clients depuis des années.
Le paradoxe frappe par son ampleur. Cet établissement, titulaire du prestigieux label « Maître Restaurateur » depuis 2017 – un titre censé garantir une cuisine réalisée sur place à partir de produits bruts -, s’est retrouvé épinglé pour des pratiques diamétralement opposées à ses engagements.
La sanction judiciaire ne s’est pas fait attendre. Le tribunal a prononcé une condamnation exemplaire : 5 000 euros d’amende ferme, assortis de 10 000 euros supplémentaires avec sursis. Une sentence qui marque la fin d’une réputation bâtie sur six décennies d’existence et révèle l’ampleur des dysfonctionnements cachés derrière cette façade respectable.
Les Preuves Accablantes : Quand Le « Fait Maison » Cache Du Surgelé Industriel
Le contrôle mené par la DDPP a révélé une réalité sordide. Derrière l’image soigneusement cultivée de l’authenticité culinaire, les enquêteurs ont découvert un véritable catalogue de produits industriels masqués sous l’étiquette trompeuse du « fait maison ».
L’inventaire des supercheries s’avère édifiant. Crème anglaise prête à l’emploi, fruits au sirop sortis directement de leurs conserves, crème chantilly à base de préparation sucrée industrielle, pain surgelé réchauffé et glaces issues du commerce : autant d’artifices qui contredisent frontalement les promesses affichées sur la carte.
Les preuves matérielles ne laissent aucune place au doute. Fiches recettes et factures ont impitoyablement confirmé ces constats, traçant avec précision l’ampleur du mensonge orchestré. Ces documents, saisis lors du contrôle, démontrent que l’établissement s’approvisionnait massivement auprès de fournisseurs industriels tout en revendiquant une cuisine artisanale.
L’ironie atteint son paroxysme quand on considère le label « Maître Restaurateur » affiché fièrement depuis 2017. Ce titre, censé garantir une cuisine faite sur place à partir de produits bruts, devient le témoin silencieux d’une imposture de grande envergure. Comment un établissement a-t-il pu conserver cette certification prestigieuse tout en bafouant ses principes fondamentaux ?
Cette découverte soulève des questions troublantes sur l’efficacité des systèmes de contrôle de la restauration française.
La Défense Maladroite : Entre Déni Et Tentatives De Justification
Face à ces révélations accablantes, la directrice Corinne Gineste de Saurs a choisi la stratégie du déni assumé. À la barre, elle a brandi l’étendard de la tradition familiale, s’indignant d’une condamnation après « 60 ans » d’activité sans encombre. « On utilisait déjà la crème anglaise, les fonds de tarte, etc. Jamais le bureau d’études n’a dit que cela posait un problème », a-t-elle plaidé, transformant des décennies de pratiques douteuses en argument de légitimité.
Plus révélatrice encore, sa critique acerbe du système de contrôle : « Selon la ville, selon la personne qui fait le contrôle, les règles du jeu ne sont pas les mêmes ». Une déclaration qui trahit une connaissance précise des failles administratives, suggérant une exploitation délibérée de ces zones grises.
Les tentatives de justification atteignent leur comble avec des arguments d’une mauvaise foi confondante. « On estime qu’elle est faite maison car ce n’est pas de la chantilly en bombe », ose-t-elle expliquer pour défendre sa crème industrielle. Concernant la « salade cueillie chaque matin », elle concède mollement une « formulation maladroite », tout en persistant : « C’est quand même des agriculteurs locaux, et ce n’est surtout pas une salade en sachet ».
Ces pirouettes sémantiques révèlent une stratégie de communication rodée, construite sur l’ambiguïté délibérée plutôt que sur la transparence.
Un Verdict Qui Fait Jurisprudence : L’Exigence De Transparence Pour Les Grandes Enseignes
Cette ambiguïté délibérée, le tribunal l’a sanctionnée sans concession. Malgré les corrections apportées à la carte depuis le contrôle de 2022, la machine judiciaire n’a accordé aucun crédit aux ajustements tardifs de l’enseigne. Pour le procureur, « le restaurant joue sur l’ambiguïté », insistant sur « l’ensemble des faits, leur récurrence et la multiplicité des produits visés qui conduit à des pratiques commerciales trompeuses ».
La présidente du tribunal a frappé au cœur du système en soulignant l’impact décuplé pour les établissements de prestige : « Pour un restaurant ancien qui a une certaine stature, il y a un enjeu à être sérieux vis-à-vis du consommateur : la mention de « fait maison » peut être déterminante dans le choix du restaurant ». Cette déclaration pose un précédent juridique majeur : plus la réputation est établie, plus l’exigence de transparence devient impérieuse.
La sentence tombe comme un couperet : 15 000 euros au total (5 000 euros ferme, 10 000 euros avec sursis). Une somme dérisoire pour un groupe prospère, mais un signal fort envoyé à l’ensemble du secteur de la restauration haut de gamme.
Face à cette condamnation historique, Corinne Gineste de Saurs a conservé son flegme légendaire : « On restera une institution, eux ils font leur travail ». Une réaction qui illustre parfaitement le fossé persistant entre l’arrogance des grands noms et les attentes croissantes des consommateurs.










