📌 Pierre Vial (Les Visiteurs) est décédé à 97 ans : retour sur une carrière de 50 ans entre cinéma et Comédie-Française

Posted 21 décembre 2025 by: Admin
La Disparition D’Une Figure Emblématique Du Cinéma Français
Ce dimanche 21 décembre 2025, Pierre Vial s’est éteint à l’âge de 97 ans à la Fondation Rothschild. Son fils Nicolas Vial a confirmé la nouvelle à l’AFP, plongeant dans le deuil des générations de spectateurs qui se souviennent de son visage et de sa voix. Pour beaucoup, une seule image surgit : celle de l’enchanteur Eusæbius dans Les Visiteurs, ce personnage aussi attachant que maladroit, responsable de l’oubli fatal des œufs de caille dans la potion magique. Cette erreur, qui empêchait de renvoyer Godefroy quelques minutes avant qu’il ne tue le duc de Pouille, a fait de lui une figure culte du cinéma français des années 1990.
Aux côtés de Jean Reno et Christian Clavier, Pierre Vial incarnait cette sagesse médiévale teintée d’une humanité touchante. Son interprétation, loin d’être anecdotique, a marqué la mémoire collective d’une scène devenue iconique. Derrière ce rôle qui l’a fait connaître du grand public se cachait pourtant une carrière bien plus vaste, ancrée dans les traditions théâtrales les plus exigeantes. La Comédie-Française, dont il fut le 512e sociétaire, lui a rendu hommage en saluant « une mémoire traversée par plus de cinq décennies d’histoires et de destinées théâtrales françaises ». Un parcours exceptionnel qui dépasse largement les frontières du septième art.
Une Carrière Cinématographique Marquante Au-Delà Des Visiteurs
Si le grand public l’identifie instantanément à l’enchanteur maladroit, Pierre Vial avait déjà construit une filmographie solide bien avant ce succès populaire. Dès 1980, il apparaît dans Les Turlupins de Bernard Revon, avant de rejoindre le plateau de La Diagonale du fou en 1984, film de Richard Dembo qui marquera le cinéma français de la décennie. Ces rôles témoignent d’une polyvalence artistique rarement limitée à un seul registre.
Mais Pierre Vial ne se contentait pas d’interpréter : il créait. Metteur en scène exigeant, il a dirigé Le Déluge d’Ugo Betti et L’Illusion comique de Corneille, démontrant sa maîtrise des textes classiques et contemporains. Cette double casquette d’acteur et de créateur révèle un homme habité par une vision artistique complète, refusant de se cantonner à un seul versant de son art. Loin des projecteurs hollywoodiens, il choisissait ses projets avec la rigueur d’un artisan du verbe, privilégiant la substance à la notoriété immédiate. Cette exigence trouvait son écrin naturel sur les planches, là où son véritable héritage allait s’épanouir pendant plus de deux décennies.
Un Pilier De La Comédie-Française Pendant Plus De Vingt Ans
C’est précisément au sein de la Comédie-Française que Pierre Vial a forgé sa légende théâtrale. Entré dans la prestigieuse institution en mars 1989, il gravit les échelons jusqu’à devenir le 512e sociétaire le 1er janvier 2005, distinction réservée aux artistes les plus accomplis. Pendant vingt et un ans, il incarne les plus grands textes du répertoire classique : Lorenzaccio d’Alfred de Musset, La Mère coupable de Beaumarchais, et ce rôle mémorable de Polonius dans Hamlet de Shakespeare qui révèle toute sa finesse d’interprétation.
Sa collaboration avec Antoine Vitez, étalée sur quinze années, marque durablement les années 1980. Ensemble, ils signent des mises en scène devenues références : Le Soulier de satin de Paul Claudel, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais sous la direction de Jean-Pierre Vincent en 1987. À son départ en 2010, la Comédie-Française rend un hommage sans équivoque : « Sa mémoire est un corps traversé par plus de cinq décennies d’histoires et de destinées théâtrales françaises ». Cette formule résume l’empreinte indélébile laissée par un homme qui n’a jamais dissocié son art de sa vocation pédagogique.
Un Passeur De Savoir Et Directeur Artistique Influent
Cette vocation pédagogique dont témoigne la Comédie-Française s’est incarnée bien avant son entrée dans l’institution. Dès 1975, Pierre Vial intègre le Conservatoire national d’art dramatique comme professeur, poste qu’il occupe pendant dix-huit ans jusqu’en 1993. Parallèlement, il transmet son exigence au Théâtre national de Chaillot, formant ainsi plusieurs générations d’acteurs français qui perpétuent aujourd’hui son approche rigoureuse du texte classique.
Mais son influence dépasse le cadre parisien. Dans les années 1970, il prend la direction de la Comédie de Saint-Étienne, contribuant à la décentralisation culturelle alors en plein essor. À la tête de ce centre dramatique national, il impose une programmation exigeante qui fait rayonner le théâtre en région, bien avant que cette mission ne devienne une priorité nationale. Cette double casquette de directeur artistique et de pédagogue révèle un homme habité par une conviction : l’excellence théâtrale ne se transmet pas seulement sur scène, mais dans l’accompagnement des talents émergents et l’irrigation culturelle des territoires.










