📌 Fièvre aphteuse et Mercosur : pourquoi les agriculteurs rejettent les abattages systématiques et réclament une révision des normes commerciales

Posted 29 décembre 2025 by: Admin
La Colère S’exprime : Quand Les Agriculteurs Font Parler Les Symboles
Depuis plus d’une semaine, les campagnes françaises résonnent d’une mobilisation agricole aux formes spectaculaires. Ce vendredi, une action particulièrement symbolique a marqué les esprits devant la résidence d’Emmanuel Macron au Touquet : un cercueil portant l’inscription « RIP Agri » et « NO Mercosur » a été déposé par des paysans déterminés. Ce geste funèbre dénonce ce qu’ils perçoivent comme la mort programmée de leur filière, une accusation directe à l’encontre des politiques gouvernementales.
Dans le sud du pays, à Avignon, les agriculteurs ont opté pour une autre forme de protestation : le jet de pommes de terre sur les bâtiments publics. Ces initiatives, aussi diverses que médiatisées, témoignent d’une stratégie délibérée de visibilité. Entre blocages de routes et manifestations tracteurs traversant les départements, les professionnels du secteur cherchent à provoquer une prise de conscience nationale.
L’objectif est clair : mobiliser l’opinion publique et contraindre l’exécutif à entendre des revendications jugées vitales. Ces actions spectaculaires illustrent l’exaspération d’une profession qui estime que les canaux traditionnels de dialogue ne suffisent plus. La multiplication des initiatives locales révèle une colère profonde, nourrie par deux dossiers explosifs qui menacent directement la survie économique des exploitations françaises.
Fièvre Aphteuse : La Politique D’abattage Systématique Cristallise Les Tensions
Au cœur de cette mobilisation se trouve un point de rupture sanitaire qui enflamme les exploitations : la stratégie gouvernementale de mise à mort systématique des troupeaux en cas de détection de fièvre aphteuse. Les syndicats agricoles dénoncent unanimement une mesure « excessive et cruelle » qui menace directement la survie économique de nombreuses fermes. Pour eux, cette doctrine sanitaire ignore délibérément des alternatives pourtant éprouvées.
Les professionnels du secteur plaident pour des protocoles moins radicaux : quarantaines ciblées, zones de confinement ou encore vaccination préventive. Ces solutions, pratiquées dans d’autres pays européens, permettraient selon eux de limiter la propagation sans anéantir des années de travail et d’investissement. « La politique actuelle ne prend pas en compte les alternatives possibles », martèlent les représentants syndicaux qui réclament une révision complète des protocoles.
Malgré les rencontres avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, aucune avancée concrète n’a émergé sur ce dossier sensible. Cette impasse alimente le scepticisme des agriculteurs face aux promesses gouvernementales. L’absence de flexibilité sanitaire se double d’une autre menace, commerciale cette fois, qui amplifie l’inquiétude dans les campagnes et renforce la détermination des manifestants à maintenir la pression.
Mercosur : La Menace Commerciale Qui Enflamme Les Campagnes
Cette inquiétude sanitaire se heurte désormais à une menace économique d’envergure : l’accord commercial avec le bloc sud-américain Mercosur, dont la signature a été repoussée à janvier. Pour les agriculteurs français, ce traité représente bien plus qu’un simple dossier commercial – il incarne une remise en cause fondamentale de leur modèle de production et de leurs standards de qualité.
Les syndicats redoutent l’arrivée massive de produits importés ne respectant pas les normes françaises et européennes. Viandes bovines élevées aux hormones, fruits traités avec des pesticides interdits en Europe, conditions d’élevage incompatibles avec le cahier des charges local : la liste des écarts réglementaires alimente une profonde défiance. Cette concurrence déloyale menacerait directement la compétitivité des filières françaises, déjà fragilisées par des charges d’exploitation élevées et des marges réduites.
Le traité cristallise ainsi un sentiment plus large d’abandon face à une « libéralisation trop rapide et défavorable », selon les termes employés par les manifestants. Les inscriptions « NO Mercosur » qui accompagnent le cercueil déposé au Touquet témoignent de cette perception d’une mort annoncée. Face à ce double péril – sanitaire et commercial – les agriculteurs durcissent leur position et attendent des garanties concrètes. Le gouvernement se trouve désormais sommé de trancher entre ses engagements internationaux et la survie d’un secteur agricole à bout de patience.
Bras De Fer Avec L’Exécutif : Entre Négociations Et Ligne Rouge
Face à cette mobilisation qui s’étend et se durcit, le Premier ministre Sébastien Lecornu a convoqué les principaux syndicats agricoles pour tenter de désamorcer la crise. FNSEA, Coordination Rurale et Confédération Paysanne ont ainsi été reçus, dans une tentative de dialogue qui révèle autant la volonté gouvernementale d’apaiser les tensions que la détermination du monde agricole à obtenir des réponses concrètes.
La FNSEA, premier syndicat du secteur, attend désormais une lettre de réponse officielle du gouvernement pour trancher : suspendre ou poursuivre les actions de blocage. Cette attente illustre la stratégie de négociation du syndicat majoritaire, qui conditionne toute trêve à des engagements écrits et vérifiables. Les autres organisations, plus radicales, laissent quant à elles la décision finale aux assemblées locales, témoignant d’une mobilisation décentralisée et difficile à canaliser.
Malgré l’appel gouvernemental à une trêve de Noël, le scepticisme domine chez les responsables syndicaux. Aucune avancée tangible sur la question cruciale de l’abattage systématique des troupeaux n’a été obtenue lors des discussions. Cette absence de résultats concrets nourrit la défiance et fragilise toute perspective d’apaisement.
La porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, a d’ailleurs durci le ton sur RTL, avertissant que l’exécutif ne tolérerait plus de blocages supplémentaires et ferait « tout le nécessaire » pour éviter de nouvelles perturbations. Cette double posture – dialogue d’un côté, menace de fermeté de l’autre – traduit l’équilibre précaire d’un pouvoir tiraillé entre obligation de négocier et maintien de l’ordre public. Le rapport de force entre agriculteurs et État semble loin d’être résolu à l’approche des fêtes.










