📌 Voyage sans avion : ce père traverse l’Europe et l’Asie en train pour rejoindre sa fille à Shanghai à Noël

Posted 24 décembre 2025 by: Admin
Un Père Prêt À Tout : Quand L’Amour Familial Défie Les Distances
Pour Louise, 19 ans, étudiante à l’Institut d’études politiques de Grenoble, l’échange universitaire à Shanghai représentait une opportunité formidable. Mais la réalité chinoise ne connaît pas les vacances de Noël. À 14 000 kilomètres de la France, la jeune femme devait affronter les fêtes seule, sans la chaleur de sa famille. Une perspective inacceptable pour Jean-Marie Malle, son père lorientais.
« Je ne voulais pas la laisser seule pour les fêtes », confie-t-il simplement. Pourtant, cet engagement paternel se heurte à ses convictions environnementales profondes. Depuis cinq ans, Jean-Marie a tourné le dos aux voyages aériens, refusant catégoriquement de prendre l’avion. Face à ce dilemme, il prend une décision aussi audacieuse qu’exceptionnelle : rejoindre sa fille en train.
L’ampleur du défi donne le vertige. Douze jours de voyage continu, près de 14 000 kilomètres à travers l’Eurasie, des températures extrêmes et des frontières incertaines. « Je me suis renseigné, et c’est encore possible », explique-t-il avec détermination. À l’heure où les vols long-courriers banalisent les distances, ce père lorientais choisit une route oubliée, presque anachronique.
Le périple s’annonce titanesque : Lorient, Paris, Berlin, Varsovie, puis Brest en Biélorussie, Moscou, et enfin le légendaire Transsibérien jusqu’à Shanghai. Un itinéraire qui transforme Noël 2025 en une aventure extraordinaire, où l’amour paternel se mesure en kilomètres de rails plutôt qu’en heures de vol.
14 000 Kilomètres Sur Les Rails : L’Odyssée Du Transsibérien
Cette détermination à rejoindre Shanghai sans prendre l’avion propulse Jean-Marie dans une aventure ferroviaire hors du commun. Les premiers jours traversent une Europe familière : Lorient, Paris, Berlin, Varsovie. Mais dès l’arrivée à Brest en Biélorussie, l’expédition bascule dans une autre dimension. Direction Moscou, puis le mythique Transsibérien.
Cette ligne légendaire de près de 10 000 kilomètres relie l’Europe à l’Asie orientale en traversant sept fuseaux horaires. Sept jours enfermé dans une cabine de quatre mètres carrés, partagée avec d’autres voyageurs. Un lit, des sanitaires communs, une chaleur étouffante à l’intérieur tandis qu’à l’extérieur, le thermomètre plonge à –33 °C.
« Je craignais de m’ennuyer, mais finalement pas du tout », raconte Jean-Marie. Le temps s’étire, libéré des contraintes habituelles. À travers les vitres défilent les immensités glacées de la Sibérie. Entre les wagons, des seaux de charbon brûlent pour empêcher les portes de geler. À chaque arrêt, les cheminots descendent taper sur les essieux pour les dégeler, une logistique impressionnante face aux rigueurs sibériennes.
Cette parenthèse hors du monde transforme le voyage en méditation mobile. Pourtant, avant d’atteindre cette quiétude ferroviaire, Jean-Marie doit affronter des obstacles bien plus stressants que le simple passage du temps.
Entre Stress Et Émerveillement : Les Défis D’Un Voyage Hors Normes
Cette quiétude ferroviaire ne s’obtient qu’après avoir franchi les épreuves les plus redoutées du périple : les passages de frontières. « Le plus stressant, c’étaient les douanes », confie Jean-Marie. Les règles de visa entre la Biélorussie et la Russie ont été récemment assouplies, mais les agents aux postes-frontières ne les maîtrisent pas toujours parfaitement.
Les refus s’enchaînent d’abord : des « niet » catégoriques, des vérifications interminables, des coups de téléphone passés dans des langues qu’il ne comprend pas. Chaque franchissement devient une petite victoire arrachée après des moments de tension où tout semble pouvoir basculer. L’incertitude administrative transforme ces transitions en véritables épreuves nerveuses.
Pourtant, une fois les barrières franchies et le Transsibérien lancé sur ses rails infinis, l’angoisse se dissout. La crainte initiale de l’ennui s’évapore face à cette parenthèse temporelle inédite. Pas d’agenda, pas de contraintes, juste le rythme hypnotique du train avalant les kilomètres.
Par la fenêtre, les paysages immenses et glacés de la Sibérie défilent pendant sept jours. Des étendues blanches à perte de vue, des forêts de bouleaux figées par le froid, une nature brute et sauvage. Ce voyage devient contemplation pure, une méditation en mouvement où chaque heure rapproche Jean-Marie de l’essentiel : ces retrouvailles qui justifient tous les obstacles.
Un Geste Militant Autant Que Paternel : 500 Kg De CO₂ Contre 5 Tonnes
Le 19 décembre à 22 heures, après douze jours de rails et d’incertitudes, père et fille se retrouvent enfin à Shanghai. L’émotion submerge ces retrouvailles qui justifient chaque « niet » essuyé, chaque nuit inconfortable, chaque kilomètre parcouru. Dans ses bagages, Jean-Marie a transporté un symbole dérisoire mais touchant : un pain au chocolat pour remonter le moral de Louise.
Cette viennoiserie traversant l’Eurasie résume toute la tendresse d’un père, mais le voyage porte aussi une dimension politique assumée. « Le but, c’était de montrer qu’il est encore possible de voyager en train », explique-t-il sans détour. À l’heure où les vols long-courriers banalisent les 14 000 kilomètres en quelques heures, Jean-Marie prouve qu’une alternative existe.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 900 euros dépensés dont 715 pour le transport, soit un coût financier comparable à l’avion. Mais l’impact environnemental raconte une autre histoire. Son périple ferroviaire génère environ 500 kg de CO₂, contre 2 à 5 tonnes pour un trajet équivalent en avion. Une empreinte carbone divisée par quatre à dix, démonstration concrète qu’un autre tourisme reste viable.
Pour le retour, faute de temps, il devra cependant céder et prendre l’avion. Une concession pragmatique qui n’entache pas l’essentiel : prouver qu’entre l’amour filial et la cohérence écologique, aucun choix n’était nécessaire. Les deux peuvent coexister, même au prix de douze jours dans un train traversant la Sibérie.









