📌 Vaccination des soignants : l’Ordre des médecins veut étendre l’obligation à la rougeole et potentiellement à la grippe

Posted 7 décembre 2025 by: Admin
L’Ordre Des Médecins Secoue La Vaccination : Deux Nouveaux Vaccins Dans Le Viseur
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) vient de publier un rapport de 120 pages qui relance un débat explosif : faut-il élargir les obligations vaccinales des professionnels de santé ? Aujourd’hui, seuls quatre vaccins sont obligatoires pour les soignants : hépatite B, diphtérie, tétanos et poliomyélite. Un cadre qui date et que l’institution juge désormais inadapté.
Face à la recrudescence de la rougeole, aux épidémies de grippe saisonnière et à l’érosion de la confiance du public, le Cnom défend une révision régulière de ce socle réglementaire. L’objectif affiché : « actualiser régulièrement ces obligations vaccinales » en fonction de trois critères précis : le niveau de circulation des virus, la protection des patients vulnérables et l’exemplarité des soignants.
Le rapport est sans ambiguïté : « Il est légitime de s’interroger sur la nécessité ou non de rendre obligatoires d’autres vaccins qui sont aujourd’hui fortement recommandés ». Cette révision ciblée s’appuierait sur « l’évaluation des risques actuels, la couverture vaccinale de la population générale, l’exemplarité médicale et la protection des patients vulnérables ».
Derrière cette position institutionnelle se dessine une question centrale : certains vaccins, aujourd’hui simplement recommandés, pourraient-ils basculer dans le camp de l’obligation légale ? Deux candidats émergent nettement du rapport.
Rougeole : La Vaccination Obligatoire Des Soignants, Une Urgence Selon L’Ordre
Le premier vaccin visé est celui contre la rougeole. Les chiffres sont accablants : seuls 70 à 80 % des professionnels de santé sont vaccinés, loin du seuil de 95 % requis pour bloquer efficacement la transmission. Cette faille n’est pas anodine. Selon le rapport, les soignants sont impliqués dans 75 à 83 % des cas de rougeole survenus en établissement de santé.
Cette donnée révèle un paradoxe troublant : ceux qui sont censés protéger les patients deviennent, malgré eux, des vecteurs de contamination. Le Cnom appuie sans réserve « la proposition de la Haute Autorité de santé (HAS) de rendre la vaccination contre la rougeole obligatoire pour les professionnels de santé ».
La recrudescence actuelle de la maladie renforce l’urgence. Hautement contagieuse, la rougeole représente un danger particulier pour les personnes immunodéprimées ou les nourrissons non encore vaccinés, populations fréquemment présentes en milieu hospitalier. Pour l’Ordre, la situation est claire : maintenir cette vaccination au statut de simple recommandation expose les patients à un risque sanitaire évitable.
Cette proposition s’inscrit dans un contexte législatif mouvant. Le débat pourrait trouver sa traduction réglementaire dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026. Mais un autre vaccin alimente également les discussions, pour des raisons tout aussi stratégiques.
Grippe Saisonnière : L’Argument Déontologique Qui Change Tout
Pour la grippe, la position du Cnom s’avère plus nuancée, mais tout aussi stratégique. Contrairement à la rougeole, la vaccination reste pour l’instant fortement recommandée sans être obligatoire. L’Ordre suit sur ce point la ligne prudente de la HAS : l’obligation pourrait intervenir si de nouvelles preuves scientifiques l’imposent.
Mais c’est sur le terrain déontologique que le débat prend une tournure inédite. Le rapport invoque une disposition fondamentale du Code de déontologie médicale : « Le Code de déontologie médicale impose aux médecins d’éviter de nuire à leurs patients, ce qui pourrait être interprété comme une obligation morale de se vacciner ».
Cette formulation n’est pas anodine. Elle transforme la vaccination antigrippale des soignants d’une simple mesure de santé publique en devoir professionnel. L’argument ne repose plus uniquement sur l’efficacité épidémiologique, mais sur l’éthique même du métier. En refusant de se vacciner, un médecin pourrait être considéré comme manquant à son obligation de non-malfaisance envers ses patients vulnérables.
Cette lecture du Code ouvre la voie à une évolution réglementaire future, d’autant que la question s’invite désormais dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026. Au-delà de ces deux vaccins spécifiques, le Cnom déploie un plan plus large pour inverser la tendance à la défiance vaccinale qui mine la confiance collective.
Restaurer La Confiance : Le Plan Anti-Défiance Vaccinale De L’Ordre
Au-delà des obligations spécifiques, le Cnom affronte un paradoxe typiquement français. La France demeure le pays de Pasteur, pionnier de la vaccination, tout en incarnant celui où « l’hésitation vaccinale reste un défi permanent ». Un contraste qui s’explique notamment par un déficit d’information : la moitié de la population s’estime mal informée sur les vaccins, et près de 90 % des Français réclament un parcours vaccinal plus lisible.
Face à ce constat, l’Ordre déploie six mesures opérationnelles. D’abord, simplifier le calendrier vaccinal et les schémas de vaccination. Ensuite, multiplier les lieux et acteurs habilités à vacciner pour faciliter l’accès. Le rapport préconise également de renforcer la numérisation des rappels et d’intégrer les recommandations vaccinales directement dans les logiciels médicaux, avec des alertes en cas de rupture d’approvisionnement. Enfin, rendre les doses disponibles sur les lieux d’exercice et développer un dispositif de médecine préventive dédié aux soignants eux-mêmes.
Cette dernière mesure vise à maintenir les médecins à jour dans leur propre couverture vaccinale (grippe, Covid, hépatite B). Car selon le Cnom, « un professionnel bien informé, vacciné et suivi incarne les messages qu’il transmet ». L’exemplarité devient ainsi le levier pour restaurer la confiance, dans un pays où la vaccination sauve pourtant près de 2 millions de vies chaque année selon l’OMS.










